Le chef du gouvernement a formulé une nouvelle offre qui reste en deçà des attentes des centrales syndicales.
Ces dernières avancent en ordre dispersé dans les négociations.
Le dialogue social traîne en longueur et se déroule dans une atmosphère de méfiance, en particulier chez les syndicats, qui doutent de la volonté du gouvernement d’accéder à leurs demandes.
Le Roi Mohammed VI avait pourtant appelé à un redémarrage d’un dialogue social «équilibré» lors de son discours du 19ème anniversaire de son accession au Trône. «Le dialogue social est un devoir et une nécessité; il convient de l’instaurer et de le maintenir dans la durée et sans aucune interruption», avait-il déclaré. Les acteurs sociaux concernés, gouvernement, centrales syndicales et patronat doivent, selon les termes du Souverain «tenir compte de l’intérêt supérieur du pays et faire preuve de sens des responsabilités et d’esprit de consensus». Il permettra «d’élaborer un pacte social équilibré et durable, à même de rehausser la compétitivité de l’entreprise et de renforcer le pouvoir d’achat des travailleurs dans les secteurs public et privé».
En outre, lors du dernier Conseil des ministres, le Roi a insisté sur l’amélioration des conditions sociales des citoyens, notamment à travers les mesures que contient le projet de Loi de Finances 2019.
Force est de constater, au vu des positions des uns et des autres, que les partenaires sociaux sont encore loin de parvenir à un accord.
Une nouvelle offre de l’Exécutif
Ce 15 octobre, le chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani, a fait un premier pas vers un compromis, en proposant aux centrales syndicales une nouvelle offre. Celle-ci consiste en une augmentation des salaires de 400 dirhams sur 3 ans. «Cette revalorisation ne concerne qu’une seule catégorie de fonctionnaires, à savoir ceux qui sont classés entre les échelles 6 et 10», nous confie une source syndicale. Cette nouvelle offre est, dans l’absolu, meilleure que la proposition initiale du gouvernement : 300 dirhams sur 3 ans, pour la même catégorie de fonctionnaires.
La proposition du chef du gouvernement ne semble pas convaincre les centrales syndicales, qui demandent une augmentation générale des salaires. Pour notre source, «le dialogue social n’a abouti à rien depuis l’accord du 26 avril 2011, et ce à cause des reports à répétition». Des reports qu’il explique par le besoin du gouvernement «de gagner du temps», sans pour autant écarter une «timide évolution des salaires».
Des syndicats divisés
En clair, les centrales syndicales veulent imposer une augmentation générale des salaires à plus de 600 DH. Elles plaident également pour une baisse des impôts et une augmentation des allocations familiales. Pour ce qui est du secteur privé, les centrales syndicales appellent également à une augmentation du SMIG à un niveau qui soit plus en phase avec le coût de la vie.
La réussite ou l’échec du dialogue social est fonction «du poids des centrales syndicales dans le dialogue», et de leur capacité à agir de concert, nous déclare notre source syndicale. Et d’expliquer que «les centrales syndicales sont divisées et ont des points de vue divergents. Cette situation floue ne fait pas avancer les choses au profit des travailleurs».
Les centrales syndicales exigent aussi d’être impliquées dans la préparation du programme pour l’emploi et d’être des interlocuteurs à part entière dans la méthodologie de dialogue préconisée par le Roi.
Une source au gouvernement nous a assuré que Saad Eddine El Othmani accueillera prochainement les centrales syndicales pour un autre round de négociations en vue de parvenir, enfin, à un accord. ■
R.A