Décompensation du gaz butane : L’équipe au pouvoir en fera-t-elle une priorité ?

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La charge de compensation pour le gaz butane s’est élevée à 791 MDH à fin janvier de l’année en cours, contre 604 MDH à la même période de l’année 2016, soit une hausse de 31%. L’utilisation du gaz butane dans l’agriculture fausse le principe de la compensation.

 

Enfin ! La coalition gouvernementale a été formée et comme toute nouvelle équipe au pouvoir les défis à relever sont énormes. Entre autres, l’épineux dossier de la poursuite de la réforme de la compensation figure au top des priorités. Certes, le gouvernement Benkirane a entamé le processus, et la décompensation des prix du carburant est aujourd’hui bel et bien une réalité.

Mais la même démarche qui devait être parachevée il y a près d’un an pour le gaz butane, le sucre et le blé tendre, est toujours au point mort. Des estimations sont faites pour décider du budget qui sera alloué à la décompensation, mais aucune décision n’est encore prise. Sauf que le projet de Loi de Finances 2017 a budgétisé pour l’année en cours 14,65 Mds de DH. Un montant destiné à soutenir les prix à la consommation du butane, de la farine de blé tendre et du sucre…

 

Les derniers chiffres publiés par la Caisse de compensation font montre que le début de l’année 2017 a été marqué par une hausse de la compensation due à l’effet conjugué de la modification des structures des prix du gaz butane, la hausse des prix constatée à l’échelle internationale, et l’augmentation des quantités consommées déclarées.

Rien que pour le gaz butane, la charge s’est élevée à 791 MDH à fin janvier de l’année en cours, contre 604 MDH à la même période de l’année 2016, soit une hausse de 31%. C’est donc un truisme de dire que la compensation du gaz butane grève lourdement le Budget de l’Etat.

A noter que cette source d’énergie, produit de large consommation s'il en est, absorbe plus de 85% du budget alloué à la compensation. Elle représente par ailleurs 20% des produits subventionnés. Les ménages et le secteur agricole sont les plus gros consommateurs à hauteur respectivement de 59% et de 39%. C’est dire que la décompensation du gaz butane risque de créer une situation difficile et d’avoir des conséquences sur les anticipations aussi bien des ménages que des entreprises.

C’est dans ce sillage que la Cour des comptes avait préconisé la possibilité de prendre les mesures à même de réserver la compensation aux seuls ménages et de rationaliser son utilisation. Les analystes escomptent que les impacts prévisibles d’une décompensation de 50% du prix du gaz butane se traduiraient par une baisse de 1,2% de la croissance à court terme.

 

Décompensation : quel impact ?

 

Les secteurs qui seront fortement impac­tés par la décompensation sont le secteur agricole (-0,2%), et celui de l’énergie qui verrait sa croissance se rétracter d’environ 3% sous l’effet de la demande et des acti­vités de transport (-2,5%). En effet, bien que les effets attendus d’un mouvement des prix du gaz soient moins pronon­cés que ceux du pétrole, toute variation à la hausse des prix pourrait entraîner une modification des termes de l’échange entre les pays exportateurs et importateurs nets.

Il en découle ainsi que si la décom­pensation se fait sans mesures d’accom­pagnement, elle risquerait d’accentuer les inégalités. A ce titre, il a été vivement recommandé d’encourager le pompage solaire en vue de limiter, voire éradiquer l’usage du gaz butane par les agriculteurs. Sous d’autres cieux, les systèmes solaires ont confirmé leur viabilité, compétitivité et maturité dans les exploitations agricoles.

Au Maroc, cela fait à peu près quatre ans qu’une convention a été conclue à l’occasion des Assises de l’agriculture. Les partenaires en sont le gouvernement, en l’occurrence les départements de l’Agri­culture et de l’Energie, l’ex-Agence natio­nale pour le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (AMEE) et le Crédit Agricole du Maroc (voir entretien Saïd Mouline). Un tel projet s’inscrit dans la droite ligne de la politique nationale d’efficacité énergétique, qui prévoit 12% d’économie à l’horizon 2020.

Une chose est sûre : ce type de projet permet de mener le processus de décompensation sans grand impact sur la croissance économique du Royaume. ■

 

S. Es-siari

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