La campagne agricole est perturbée par la pluviométrie. Les conflits dans le monde peuvent impacter les chaînes d’approvisionnement.
Par C. Jaidani
Sous l’effet de différents facteurs, dont la sécheresse, les séquelles de la guerre en Ukraine, l’inflation, l’instabilité de la conjoncture internationale, l’économie nationale a connu, il y a quelques années, une période difficile. La reprise s’est faite timidement, et la croissance n’a pas dépassé 1,3% en 2022 pour atteindre 3,02% en 2023. Selon les prévisions, elle remonterait à 3,5% en 2024 pour culminer à 3,8% en 2025. Mais la dernière hypothèse reste subordonnée à différents facteurs, dont particulièrement des incertitudes à l’international et aussi l’absence de pluies qui risque de compromettre la campagne agricole, principal moteur de la croissance.
Selon le dernier rapport de l’OCDE, «l’économie mondiale devrait rester résiliente malgré les difficultés. Mais les fortes tensions géopolitiques peuvent entraîner des perturbations sur le marché de l’énergie et dans les chaînes d’approvisionnement, provoquant potentiellement une hausse de l’inflation et un ralentissement de l’activité économique dans les pays émergents. Cela devrait accentuer l’incertitude quant à l’évolution future du commerce mondial». Le Maroc dépend quasiment de l’étranger pour l’achat de ses besoins pétroliers. Les conflits au Moyen-Orient et la persistance de la guerre en Ukraine sont autant d’éléments qui présentent des risques importants pour la stabilité des cours du brut.
«La facture énergétique pèse lourdement sur la balance commerciale du Royaume, et les prix du carburant représentent un élément important dans la détermination des coûts des facteurs de production et aussi dans l’évolution de l’inflation. Par ailleurs, il faut noter que la demande à destination du Royaume risque d’être perturbée. Les principaux pays avec lesquels le Royaume réalise des échanges commerciaux, particulièrement ceux de l’Union européenne, subissent une conjoncture quelque peu morose. Pour se prémunir, les Etats de cette région devraient renforcer leurs mesures protectionnistes, soit par des normes tarifaires ou non tarifaires», explique Mohamed Amrani, professeur d’économie à l’université Hassan II de Casablanca.
L’évolution de la campagne agricole est l’autre élément déterminant de la croissance économique. La saison a bien démarré, mais depuis le mois d’octobre, la pluie fait défaut. Cette absence de précipitations a retardé les travaux du sol et le doute commence à s’emparer des exploitants. Le taux de remplissage des barrages ne dépasse pas les 30%, perturbant sérieusement le fonctionnement des périmètres irrigués.
«Ce genre de scénario, nous l’avons vécu plusieurs fois ces dernières années. Mais tout peut changer, compte tenu des possibilités de redressement de la saison. Par le passé, certaines saisons ont connu un début difficile; mais avec des pluies abondantes, bien réparties entre les régions et régulières dans le temps, le pays a réalisé de très bonnes récoltes», précise Amrani.
Face à ces incertitudes, d’autres secteurs présentent cependant une évolution favorable, à l’image du tourisme qui a réalisé un record au terme des 11 premiers mois de l’année. Le nombre de visiteurs totalise près de 16 millions, soit une hausse de 20% comparativement à la même période de l’année dernière. Tout laisse présager que cette tendance haussière devrait se poursuivre dans les années à venir, le Maroc menant une offensive tous azimuts auprès des pays émetteurs, particulièrement européens, à travers la conclusion de conventions avec de grands tour-opérateurs. Pour leur part, les secteurs des phosphates, de l’automobile et de l’aéronautique affichent, eux aussi, bonne mine.
Au terme des dix premiers mois de l’année, ils ont réalisé une croissance des exportations respectivement de 12,5%, 8% et 17,3%. Les transferts des MRE maintiennent également leur dynamisme avec une progression de 3,9%. De même pour les investissements directs étrangers (IDE) qui ont réalisé un bond de 61,6% au cours de la même période.