Croissance du secteur pharmaceutique: voici ce qu’il en est réellement

Croissance du secteur pharmaceutique: voici ce qu’il en est réellement

Contrairement à certaines idées reçues, le secteur pharmaceutique au Maroc n’a pas réalisé une croissance exceptionnelle dans le contexte pandémique actuel.

La croissance la plus significative de ces dernières années remonte à l’année 2019. Eclairage.

 

Par M. Diao

 

Il est sans conteste qu’à l’échelle internationale, certains secteurs, pour ne citer que ceux des IT et l’industrie pharmaceutique, ont tiré profit de la crise liée à la covid-19 plus que d’autres secteurs marchands. Au Maroc, si la branche des IT a permis à plusieurs pans de l’économie nationale de maintenir leurs activités en dépit des multiples restrictions, qu’en est-il réellement du niveau d’activité de l’industrie pharmaceutique marocaine dans le contexte pandémique?

En d’autres termes, le secteur pharmaceutique au Maroc a-til enregistré une croissance exponentielle sous l’effet covid-19, encore d’actualité en raison de la propagation du variant Omicron ? Sachant qu’à l’échelle internationale, selon les données financières des Big pharma (Pfizer, BioNTech et Moderna), People's Vaccine Alliance avance que ces laboratoires producteurs de vaccins anti-covid-19 engrangeront en 2021 des bénéfices avant impôts de 34 milliards de dollars.

Interpellé sur la profitabilité et la croissance de l’industrie pharmaceutique nationale, regroupée autour de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP), Abdelmajid Belaïche, membre de la Société marocaine de l’économie des produits de santé, consultant en industrie pharmaceutique et analyste des marchés pharmaceutiques, apporte des précisions de nature à lever toute équivoque. «Certes, le secteur pharmaceutique au Maroc a enregistré une croissance sous l’effet covid-19. Toujours est-il que cette croissance n’a pas été exceptionnelle à l’instar de celle de 2019. Sachant que le marché était plat depuis la baisse des prix des médicaments intervenue au cours de l’année 2014», analyse l’expert. Et d’expliquer en substance : «La baisse des prix des médicaments de l’époque n’a pas eu l’effet escompté. C'est-à-dire l’amélioration de l’accessibilité, et donc l’accroissement de la consommation des médicaments, conditionné par un paramètre-clef, celui de la couverture médicale».

Les chiffres parlent d’eux-mêmes

Il ressort de l’analyse de l’évolution des volumes de consommation en unitésboîtes que l’année 2019 a enregistré une évolution exceptionnelle de 6,8% contre une moyenne de 1,2% entre 2015 et 2018. Sachant que la croissance affichée en la matière a été de 3,6% en 2020 et 0,2% en 2021. Pour ce qui est du chiffre d’affaires de l’industrie pharmaceutique privée au Maroc, il y a eu une évolution de 9,4% en 2019 à 10,54 Mds de DH et une croissance de 4,8% en 2020 à 11,05 Mds de DH.

Sachant que l’évolution a été de 2,4% à 11,31 Mds de DH en 2021. A préciser que ces chiffres excluent les appels d'offres hospitaliers et l'alimentation infantile (laits pour bébés). Abdelmajid Belaïche apporte d’autres précisions de taille en lien avec le contexte pandémique. «Il faut savoir que pendant la période covid-19, nous avons assisté à l’amélioration substantielle des ventes de certains médicaments (paracétamol, vitamine c, zinc, etc.), couplée à la baisse de la consommation d’autres produits pharmaceutiques, notamment les antibiotiques utilisés dans la sphère respiratoire. Pour cause, certaines mesures adoptées par les Marocains pour se prémunir contre le coronavirus, pour ne citer que le port des bavettes, la distanciation et l’utilisation des gels hydro-alcooliques ont réduit les bronchites saisonnières et la fréquence de la grippe, et donc la consommation des antibiotiques précités», fait observer le spécialiste.

Dans le même temps, notons que la consommation des antibiotiques utilisés dans le traitement de la covid-19 a augmenté. Selon Belaïche, contrairement à d’autres secteurs, l’industrie pharmaceutique nationale, qui gagnerait à combler son retard dans le domaine de la production de médicaments biotechnologiques et biosimilaires, a été résiliente face à la crise liée à la covid-19, laquelle a fait émerger plusieurs contraintes de taille sur le tissu industriel. Dans ce cadre, le projet de fabrication locale du vaccin contre la Covid-19, auquel le Souverain accorde un grand intérêt, est perçu comme un bon début par plusieurs professionnels. Ces derniers considèrent le secteur pharmaceutique comme une force motrice de la coopération Sud-Sud. 

 

 

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