Covid-19: un été à risque

Covid-19: un été à risque

Inquiétude autour de la hausse des cas de contamination constatée ces dernières semaines.

Pour l’épidémiologiste Jaâfar Heikel, ce serait une situation normale du fait de l’allègement des mesures restrictives.

La reprise économique pourrait être compromise.

 

Par B. Chaou

 

Il y a quelques mois, les acteurs économiques, mais aussi les responsables politiques misaient sur cet été pour démarrer une reprise économique effective grâce à l’immunité vaccinale. Mais cette stratégie semble aujourd’hui confrontée à plusieurs défis, dont le retard des campagnes de vaccination ainsi que l’apparition de nouveaux variants plus contagieux et plus résistants aux vaccins actuels, notamment le fameux variant indien, appelé aussi «variant Delta», ou encore son dérivé, le «Delta plus».

Actuellement, plusieurs pays dans le monde connaissent une remontée des cas de contamination, même parmi ceux où le nombre de personnes vaccinées est élevé, à l’image d’Israël, de la France, ou encore le Royaume-Uni qui a d’ailleurs décidé de repousser son calendrier de déconfinement d’un mois. Au Maroc également, la récente hausse des cas d’infection depuis que les autorités du pays ont atténué les mesures sanitaires restrictives suscite inquiétude.

Ces mesures visent à revigorer l’économie et permettre aux secteurs les plus touchés par la crise, notamment le tourisme, de sortir la tête de l’eau. Mais, parallèlement, la crainte persiste face à une montée subite des contaminations, ce qui compromet une ouverture totale de l’activité économique.

Pour Jaâfar Heikel, épidémiologiste, professeur de médecine préventive, spécialiste des maladies infectieuses et économiste de la santé, «la nouvelle situation épidémiologique est déterminée par un certain nombre de facteurs qui ne sont pas liés uniquement au retour des MRE ou à l’arrivée des touristes sur le territoire marocain. C’est dû aussi aux brassages de la population au sein de notre pays et au relâchement face aux mesures barrières qui sont de moins en moins respectées». Et d’ajouter : «C’est une situation tout à fait normale, étant donné que nous n’avons pas encore vacciné 60% à 80% de la population cible pour atteindre l’immunité collective».

Les autorités appellent à la prudence

La difficulté durant cette période estivale est donc de permettre aux opérateurs économiques de poursuivre leurs activités, tout en préservant les acquis réalisés face à la pandémie. D’ailleurs, le chef du gouvernement, Saad Eddine El Otmani, n’a pas manqué de le rappeler lors de la séance mensuelle de politique générale à la Chambre des conseillers. 

«Cette année, l’enjeu est de relever le défi de réussir l’opération "Marhaba-2021" en ces circonstances exceptionnelles induites par la pandémie de la Covid-19, avec l’impératif de préserver les acquis engrangés en matière de gestion de cette pandémie», a-t-il affirmé. Pour le moment, la situation épidémiologique demeure globalement maîtrisée, mais les médecins appellent tout de même à plus de précaution.

«D’un point de vue clinique, la situation est stable. Il n’y a pas plus de morts ni plus de cas graves en réanimation, mais nous pourrons avoir une incidence de nouveaux cas à cause du brassage populationnel qu’il va y avoir cet été. Il faut rester prudent, car nous ne sommes pas encore totalement et collectivement protégés», estime Jaâfar Heikel.

Face à cette recrudescence de cas, les autorités ne manquent pas, de leur côté, de rappeler les citoyens à l’ordre, via des communiqués publiés quasiment chaque semaine, les exhortant à moins de relâchement.  Il semble que vigilance soit le mot d’ordre pour cet été, surtout avec la fête de «Aid Al Adha» qui se profile, la reprise des vols internationaux et le risque pour le Maroc «d’importer» de nouveaux variants. Des mesures comme le couvre-feu pourraient rester maintenues afin de limiter le risque d’une forte progression du virus.

 

 

 

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