Covid-19 : Le confinement en Europe pèsera lourdement sur l’économie nationale

Covid-19 : Le confinement en Europe pèsera lourdement sur l’économie nationale
- Les mesures prises en Europe pour faire face à la circulation de la Covid-19 auront un impact considérable sur la situation économique du Maroc. 
 
- Plusieurs secteurs déjà affaiblis depuis le début de la crise connaitront encore une dégradation, à l’image du tourisme, de l’automobile ou encore du textile.  
 
 
Plusieurs pays eu Europe ont choisi le retour au confinement afin de faire face à la forte hausse des cas de Covid-19. En effet, le nombre de contaminations dans les pays de ce continent s’est accéléré de manière exponentielle depuis le début de l’automne.
 
D’après Selin Ozyurt, Economiste senior, responsable de la région Afrique au sein de Euler-Hermes, «plusieurs pays européens ont de nouveau recours à des mesures sanitaires restrictives et au confinement généralisée des populations. La deuxième vague de l’épidémie s’avère très virulente et plongera certainement les économies européennes dans une récession à double creux fin 2020. Par exemple, en France, après un rebond fort (18.2%) du PIB au troisième trimestre, nous attendons un recul d’activité économique de l’ordre de -7.1% au quatrième trimestre».
 
Selon un bilan établi il y a quelques jours par la Commission européenne, le choix du confinement s’avère désastreux pour les économies de l’UE. 
Dans ses dernières prévisions économiques, l'exécutif européen anticipe une chute de 7,8% du produit intérieur brut (PIB) de la zone en 2020. «La seconde vague de la pandémie de coronavirus anéantit nos espoirs d'un rebond rapide», avait d’ailleurs expliqué Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission.
 
Si l'ensemble des 19 pays de la zone euro entrent en récession cette année, trois souffrent particulièrement :  l'Espagne (-12,4%), l'Italie (-9,9%) et la France (-9,4%). Des pays avec lesquelles le Maroc entretient des relations commerciales assez étroites. Ainsi, la dégradation de la situation économique dans ces pays-là particulièrement, et en Europe plus globalement, ne restera pas sans impact sur la croissance nationale.
 
De plus, la situation sanitaire en Europe risque de demeurer critique même début 2021. Selon les experts, les mesures sanitaires strictes pèseront sur la reprise économique au premier trimestre de l’année prochaine. Un scénario qui n’augure rien de bon pour l’économie nationale. «L’économie marocaine sera naturellement affectée par le ralentissement économique chez ses principaux partenaires commerciaux. Les pays européens représentent jusqu’à soixante pour cent des exportations marocaines et soixante-dix pour cent des recettes touristiques du pays», nous explique Selin Ozyurt.
 
Forte dégradation du PIB pour le Maroc
 
Les indicateurs conjoncturels au Maroc, selon Euler Hemes, signalent l’émergence d’une reprise graduelle de l’activité à la deuxième moitié de l’année. Toutefois, à l’instar de plusieurs pays dans le monde, la situation sanitaire au Maroc est en train de se détériorer depuis quelques semaines, avec un nombre de cas quotidiens dépassant régulièrement la barre des 4.500 contaminations.
 
Ce constat alarmant fait même courir le bruit d’un second confinement du Royaume. Un confinement qui ne serait ni socialement ni économiquement soutenable pour le pays, qui subit déjà les conséquences du confinement des pays européens. 
 
«Au vu de l’incertitude sanitaire et le ralentissement économique chez les principaux partenaires commerciaux, nous avons révisé à la baisse nos prévisions économiques pour le Maroc. Ainsi, nous projetons un recul historique du PIB de -7.2% en 2020, qui sera suivi d’un rebond économique de 4.3% en 2021. La reprise d’activité à la première moitié de 2021 sera certainement plus modérée que prévue initialement, car les restrictions sanitaires liées à la deuxième vague de l’épidémie continueront de peser sur l’économie», fait observer Selin Ozyurt.
 
«Nous attendons un rebond plutôt fort d’activité à la deuxième moitié de l’année 2021, tiré par le redémarrage des projets d’infrastructures et la reprise graduelle de la demande mondiale et de l’activité du tourisme. En revanche, il faudrait patienter jusqu’à 2022 pour retrouver le niveau d’activité économique avant la crise», ajoute-t-elle.
 
Les secteurs les plus impactés
 
Le retour au confinement des pays européens ne facilitera pas la reprise économique du Maroc, et affectera davantage plusieurs secteurs déjà fragilisés depuis le début de cette crise.  
 
Selon les données fournies par Euler Hermes, le secteur du tourisme continuera d’accuser les plus grosses pertes d’exploitation liées aux mesures sanitaires, et, hélas, pour une période plus prolongée.
 
Par ailleurs, les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique ainsi que le textile et le cuir seront fortement affectés par la baisse de la demande des partenaires commerciaux fin 2020 et début 2021.
 
Même si certaines branches d’activités pourraient continuer à tirer bénéfice de cette crise, à l’image du secteur pharmaceutique, agroalimentaire, de l’informatique et de la communication, ils demeureront insuffisants pour assurer une reprise de l’économie nationale, qui a besoin de s’appuyer sur des secteurs à forte valeur ajoutée pour espérer renouer avec le niveau d’avant-crise. 
 
 
 
Par Badr Chaou
 

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