◆A Casablanca, les cliniques privées autorisées à traiter les malades de la Covid-19 sont presque arrivées à saturation.
◆ Certaines cliniques violent le protocole sanitaire en vigueur en appliquant une tarification abusive.
Par M. Diao & I. Zerrouk
Les chiffres rendus publics quotidiennement par le ministère de la Santé corrobore une tendance à la hausse des malades du coronavirus et du nombre des décès. Les autorités publiques ne cessent d’alerter sur les nombres de cas graves et de morts.
La situation préoccupante qui prévaut commande de s’interroger sur les capacités des cliniques privées à absorber l’augmentation des contaminations à la Covid-19 et nécessitant une hospitalisation. Très concrètement, au Maroc, l’on dénombre quotidiennement, en moyenne, 1.000 cas jugés sérieux par les professionnels de Santé.
Une centaine de malades parmi cette population a besoin de soins intensifs prodigués par les services de réanimation, avec une assistance ventilatoire et/ ou une intubation. L’autre précision importante à apporter est que 30% du total des contaminés par jour sont dans une situation nécessitant des consultations soit dans le secteur public ou les cliniques privées.
Les malades faisant partie du pourcentage précité et qui présentent des signes mineurs prennent le traitement à domicile ou sont hospitalisés sur décision du médecin traitant. Les autres malades qui ont des signes de gravité moyenne sont hospitalisés dans les structures de santé publique ou privée.
«La situation pandémique actuelle met beaucoup de pression sur les structures de santé des secteurs public et privé. Pour l’heure, le taux d’occupation des lits de réanimation, variable sur le territoire national, tourne autour de 40%», explique le professeur Said Motaouakkil, directeur d’une clinique privée. L’anesthésiste-réanimateur alerte sur le fait qu’à Casablanca, ce taux culmine à 70%, et que les cliniques privées autorisées à traiter les malades du coronavirus sont presque arrivées à saturation.
Huit cliniques privées, contactées par nos soins et autorisées à traiter les patients atteints de la covid-19, ont confirmé la saturation de leur capacité d’accueil. Le témoignage d’un employé d’une clinique privée de la capitale économique est édifiant. «Pas moins de 3 étages ont été dédiés exclusivement à la Covid19, notamment le service de réanimation», confie-t-il sous couvert d’anonymat. Il convient de préciser que les cliniques privées traitent autour de 30% des malades graves atteints du coronavirus.
La tutelle doit sévir
Les pratiques observées dans certaines cliniques privées autorisées par la tutelle à traiter des malades de la Covid-19, nécessitent une réponse ferme de la part du ministère de la Santé. Même si un protocole sanitaire a été établi, englobant la tarification des services et prestations fournis, et ce de concert entre la tutelle, l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM), les représentants des cliniques privées et des médecins du secteur privé, des dépassements de tarification ont été constatés dans certaines cliniques.
La déclaration de l’employé de la clinique privée est sans équivoque. «Un patient atteint de Covid-19 dépose une avance de 30.000 DH, couplée à un chèque de garantie de 30.000 DH», confiet-il. Et de révéler : «A l’évidence, la tarification augmente au fur et à mesure des complications. En réanimation par exemple, la facture flambe».