Conjoncture: Janvier 2024, un mois déterminant pour la croissance économique

Conjoncture: Janvier 2024, un mois déterminant pour la croissance économique

Ce mois reste l’ultime période pour sauver la campagne agricole.

Dans le cas du scénario catastrophe, de nombreux indicateurs économiques et sociaux seront bouleversés.

 

Par C.Jaidani

Plus que quelques jours nous séparent de 2024. Les indicateurs qui se dégagent pour le moment concernant les perspectives de l’année prochaine sont mitigés. Certains éléments laissent présager une évolution favorable. D’autres au contraire sont plutôt pessimistes et voit la situation plus compliquée que prévu.

Les institutions internationales, dont la Banque mondiale, estiment qu’en dépit de plusieurs contraintes, l’économie nationale a renforcé sa résilience. La reprise devrait s’accentuer à moyen terme, permettant à la croissance d’atteindre 3,1% en 2024 et 3,3% en 2025, avant de passer à 3,5% en 2026. Du côté de la Loi de Finances 2024, on table plutôt sur un taux de 3,7%.

Cette hypothèse est basée sur une récolte céréalière de 75 millions de quintaux. Mais cette prévision ne tenait pas compte des évolutions récentes de la campagne agricole. Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, a tiré récemment la sonnette d’alarme sur l’accentuation du déficit hydrique. Il a, lors d’une conférence de presse organisée en marge d’un Conseil de gouvernement, annoncé des perspectives sombres.

«Pendant cinq années consécutives, le Maroc a subi une vague de sécheresse rude, qui a réduit les réserves d’eau à des niveaux alarmants. La situation de l’eau au Maroc est critique»,  a-t-il affirmé. Et de poursuivre que «les réserves d’eau dans les barrages se sont élevées à seulement 519 millions de mètres cubes au cours des trois premiers mois de cette année, soit une diminution de deux tiers par rapport à l’année dernière et de plus de 50% en comparaison à la moyenne des cinq dernières années. Le taux de remplissage des barrages est tombé à 23,5% actuellement. Ce qui équivaut à 3,7 milliards de mètres cubes».

Dans ces conditions, la campagne 2023/2024 ne se présente pas sous de bons auspices. Les trois derniers mois ont été 67% plus secs qu’une année normale. La pénurie d’eau a été accentuée par une hausse de la température supérieure de 1,30 degré par rapport à la moyenne annuelle. «Dans les conditions actuelles, l’hypothèse de la LF 2024 concernant les récoltes en blé de la campagne agricole, estimée à 75 millions de quintaux, n’est pas tenable. Le démarrage de la saison a été fortement perturbé par le manque de pluies. Les deux prochains mois seront cruciaux quant à l’issue de la saison. L’absence des intempéries au cours de janvier prochain sera synonyme d’une année compromise. Si la sécheresse persiste au cours du printemps, il faut s’attendre à l’une des pires saisons agricoles et les récoltes ne pourront pas dépasser 20 millions de quintaux», explique Mohamed Amrani, économiste.

«Un tel scénario aura un impact direct sur la croissance, qui devrait être revue drastiquement à la baisse. Malgré la diversification de l’économie nationale, l’agriculture a des effets d’entraînement sur de nombreuses activités. Sa part dans le PIB varie entre 12 et 14% selon les années», a-t-il ajouté.

Outre la croissance économique, d’autres indicateurs seront perturbés. Le taux de chômage devrait augmenter, accentué par les pertes d’emploi dans le milieu rural. Pour satisfaire les besoins alimentaires du pays, les importations devraient s’inscrire dans un trend haussier, impactant les avoirs en devises. Un tel scénario devrait subvenir alors que les finances publiques sont mises à rude épreuve avec de nouveaux engagements budgétivores.

«2024 est l’année de la mise en œuvre du registre social unifié et de la généralisation de l’assurance maladie obligatoire. De même, le gouvernement est appelé à poursuivre le programme de reconstruction suite au séisme d’El Haouz. Il doit aussi entamer également les chantiers de la Coupe du monde 2030. Sur le plan social, le budget de l’Etat doit supporter les charges du dialogue social, notamment pour le corps enseignant», conclut Amrani. 

 

 

 

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