Les économistes de l’assureur-crédit, Euler Hermes, estiment à plus d’un milliard d’euros les opportunités additionnelles à l’export en 2016 pour les entreprises marocaines, dont près de la moitié se trouve en France et en Espagne. L’économie reste néanmois turbulente, avec une prévision de 15% de plus du nombre de défaillances d’entreprises en 2015.
‘‘Le Maroc fait preuve d’une résilience importante malgré son appartenance à une région marquée par le risque politique». Les propos émanent de Tawfik Benzakour, Directeur général de Euler Hermes Acmar, lors la troisième édition de l’Observatoire international d’Euler Hermes, organisée récemment à Casablanca sous le thème : «Naviguer par gros temps sur les émergents: redécouvrir les opportunités en Europe». La croissance au Maroc devrait atteindre 4,5% en 2015, la plus élevée en Afrique du Nord. Aux yeux des économistes du numéro 1 de l’assurance-crédit au Maroc, le PIB du pays dépend fortement du secteur agricole. C’est que la faiblesse de la croissance du secteur non agricole en 2015, a été compensée par une croissance de plus de 15% de la valeur ajoutée agricole. En parallèle, la consommation des ménages serait bien orientée et ceux-ci envisagent leur avenir financier plus sereinement, après deux années difficiles. La faiblesse de l’inflation, ajoute-t-on, y contribue amplement, mais l’accélération des prix alimentaires va légèrement rogner les gains du pouvoir d’achat. La politique monétaire, jugée saine, a permis au pays de résister aux chocs externes sans que cela ne se traduise par des gains de productivité. Néanmoins, la stabilité de la monnaie et des prix a permis à la politique monétaire de se concentrer sur le soutien de l’activité domestique. La demande de crédit à la consommation croît à un rythme annuel proche de 10%. Le flux des crédits immobiliers reste solide, tandis que le crédit d’équipement peine à rebondir.
Mais l’économie reste turbulente, prévoit Euler Hermes, qui en reprenant les statistiques d’Inforisk, prévoit une hausse de 15% du nombre de défaillances d’entreprises en 2015, et de 10% en 2016, principalement à cause du ralentissement du secteur immobilier (+150% dans le BTP depuis 2009).
Les prévisionnistes d’Euler Hermes estiment à plus d’un milliard d’euros (11,3 milliards de dirhams) les opportunités additionnelles à l’export en 2016 pour les entreprises marocaines. Près de la moitié de ces niches, précisent-ils, se trouve en France et en Espagne, partenaires commerciaux privilégiés du Maroc.
Parmi les secteurs porteurs, citons celui des engrais phosphatés dont la production en 2015 a déjà confirmé le rebond observé en 2014. «Le ralentissement de la croissance au Brésil, grand consommateur d’engrais, pèse sur les exportations du Maroc, deuxième producteur mondial», souligne Ludovic Subran, chef économiste du groupe Euler Hermes, qui insiste sur le potentiel intéressant de diversification que représente le marché de l’Afrique subsaharienne. Il y a également près de 390 millions d’euros à saisir à l’export du côté du secteur agroalimentaire en 2016, notamment en Afrique subsaharienne, en France et en Espagne. Les composants et équipements électriques et électroniques ne sont pas en reste. Ce secteur, souligne la même source, commence à rattraper son retard en termes d’investissement. Le principal marché à l’export, à la fois en volume et en croissance, reste l’Espagne, mais de nouveaux marchés à forte croissance commencent à faire leur apparition, le Congo et le Mali à titre d’exemple. Le secteur de l’automobile réalise, lui aussi, de nouveaux records à l’export, profitant de la compétitivité-prix dont jouit le Maroc (le coût du travail augmente certes, mais reste trois fois moins cher qu’en Europe de l’Est). Euler Hermes ne manquera pas de noter le bon comportement du secteur pharmaceutique dont la part dans l’export ne cesse d’augmenter (11% en 2015 contre 6% en 2011). Sachant que 95% des ventes pharmaceutiques marocaines à l’export concernent deux régions géographiques : l’Union européenne et l’Afrique.
Les experts de Euler Hermes restent convaincus que le Maroc peut être considéré comme un hub de services, eu égard au savoir-faire qu’il a su acquérir à travers les banques, les assurances et les cabinets de conseil. Cependant, conclut Ludovic Subran, l’avenir est à l’innovation et, par conséquent, il serait impératif de créer un vrai tissu d’entrepreneurs afin de construire le Maroc de demain.
300.000 faillites d’entreprises à l’échelle mondiale en 2016
Au moment où les pays développés, tels que l’Allemagne et les Etats-Unis, enregistrent des taux de croissance globalement stables, constate Ludovic Subran, les économies émergentes ont vécu une année 2015 particulièrement chahutée, entre ralentissement chinois, craintes de hausse des taux de la FED et carnage sur leurs devises. Cette absence de synchronisation entre pays développés et pays émergents se poursuivra en 2016, estime le chef économiste de l’assureur-crédit Euler Hermes. En effet, la croissance mondiale ne devrait pas dépasser les 3% aussi bien en 2015 qu’en 2016. Dans ce contexte précis, le commerce mondial va se contracter de plus de 2% en 2015, soit une perte nette de 400 milliards de dollars. En 2016, l’instabilité sur les marchés émergents mettra fin à six années consécutives de diminution du nombre de défaillances d’entreprises à l’échelle mondiale. Euler Hermes s’attend à une stabilisation de ce nombre autour de 300.000 faillites.
Wadie El Mouden