La crise sanitaire a cloué des milliers d’avions au sol suite à la fermeture des frontières de plusieurs pays afin de limiter la propagation de la Covid19. D’ailleurs, cela n’est pas resté sans impact sur la situation de trésorerie des compagnies aériennes, certaines ont même dû déposer leurs bilans face à la grande baisse des activités et la hausse des charges auxquelles elles font face.
Par B. Chaou
«Un avion ne peut se permettre de rester pendant de longues périodes en totale inaction. La conservation d’un appareil en bonnes conditions opérationnelles nécessite une maintenance régulière plus ou moins complexe selon sa durée de stockage, le type d’avion et la nature des opérations préconisées par les avionneurs», nous explique Olivier Joffet, consultant en stratégie, spécialiste du secteur aérien auprès de Price water house Coopers.
Il faut savoir que même si un avion ne vole pas, il n’est pas en arrêt total. Il continue de «consommer» en charge de maintenance, ce qui est une catastrophe pour les compagnies aériennes car elles supportent des frais au moment où elles réalisent un très faible chiffre d’affaires, ou dans certains cas n’en réalisent pas. Et même l’entretien le moins coûteux demande énormément de frais, que ce soit en termes de main-d’œuvre, d’heures de travail ou encore de maintenance technique.
Selon notre interlocuteur, la durée d’immobilisation pour un «parking normal» est de 2 à 4 semaines, et le «stockage actif» de 1 à 3 mois au cours desquels il faudra compter environ 150 heures de travail sur l’avion (temps de remise en service inclus, plus ou moins selon le type avion).
Le «stockage prolongé», lui, compte une durée supérieure à 3 mois, l’investissement en main-d’œuvre sera bien plus conséquent car pouvant aller jusqu’à 800 heures sur la période. La préservation des équipements vitaux de l’appareil constitue l’enjeu primordial pour garantir la bonne remise en service de ce dernier et garantir une exploitation commerciale en toute sécurité.
«De nombreuses activités récurrentes ont lieu chaque semaine : inspections visuelles des avions, vérification du bon état des protections des systèmes sensibles (dispositifs aérodynamiques, sondes, moteurs, trains d’atterrissage, équipements hydrauliques), et vérification des systèmes avioniques», affirme Olivier Joffet.
Et d’ajouter : «les moteurs et APU (turboréacteurs) sont mis en route pendant un quart d’heure pour assurer la lubrification du système et éviter toute corrosion. En cabine, le taux d’humidité est vérifié pour prévenir toute apparition de moisissure. Tous les trente jours, les roues sont tournées pour éviter leur déformation. Les commandes de gouverne sont actionnées régulièrement dans leurs butées pour que les joints ne sèchent pas».
L’entretien des avions coûte énormément cher, ce qui suppose qu’ils doivent au plus vite reprendre leurs vols afin d’éviter que les compagnies ne sombrent encore plus dans la crise. ◆