L'organisation de la Coupe du monde 2030 au Maroc entraînera un afflux massif de visiteurs, ce qui générera sans doute des pics de demande significatifs pour une large gamme de produits, notamment dans le secteur du commerce de détail. Les grandes surfaces, petits commerces et détaillants locaux devront s’adapter à la hausse soudaine des besoins durant cette période. Et ce, particulièrement dans les secteurs de l’alimentation, des souvenirs, des produits de première nécessité et des services touristiques. Par ailleurs, Mohamed Jadri, économiste, estime que le Maroc doit également moderniser le système de distribution, notamment en ce qui concerne les méthodes de paiement.

«Aujourd’hui, l’usage du cash reste encore prédominant, mais avec l’afflux de touristes internationaux, il est crucial de généraliser le paiement numérique. Les wallets mobiles, les cartes bancaires et les paiements en ligne doivent devenir la norme dans toutes les grandes surfaces, boutiques et commerces de proximité, y compris les «hanouts». Cela facilitera l’expérience d’achat des visiteurs et modernisera l’économie locale», précise-t-il.

Une approche proactive

La gestion de ces flux de consommation représenterait un défi majeur pour le Royaume, nécessitant une planification minutieuse et une capacité d’adaptation face à des variables difficiles à anticiper. Les pics de demande pourront survenir à des moments clés, tels que les jours de match ou les périodes de forte affluence touristique, rendant les prévisions particulièrement complexes pour les acteurs du commerce.

Pour Jadri, «il est primordial de réviser les chaînes d’approvisionnement pour garantir que les grandes surfaces, snacks, restaurants et cafés puissent répondre à la demande croissante en produits et services. Ce travail de préparation en amont, à travers une meilleure gestion des stocks et des livraisons, assurera la disponibilité continue de biens et de services de qualité, tout en contribuant à l’efficacité des opérations». Pour sa part, Said Tahiri, expert économiste, a souligné que «les commerçants de détail doivent adopter une approche proactive et coordonnée prenant en compte plusieurs leviers, notamment l’analyse des données historiques et des tendances saisonnières. Ainsi, en se basant sur les données des années précédentes, les commerçants peuvent identifier les produits les plus demandés pendant ces périodes, comme les produits alimentaires ou articles de première nécessité». Et d’ajouter : «Ils peuvent aussi augmenter leurs stocks stratégiques pour ne pas tomber dans le piège de la pénurie pouvant impacter les prix du marché. Cela implique aussi une logistique optimisée pour éviter les ruptures et répondre rapidement à la demande».

Sensibilisation des consommateurs

Par ailleurs, l’un des moyens à ne surtout pas négliger pour mener à bien ces opérations demeure la mise en place de solutions digitales. «Les outils de prévision basés sur l’intelligence artificielle peuvent aider à anticiper les flux de clients et ajuster l’offre en conséquence. Il ne faut pas croire que les commerçants de détail se passent de ces outils. Bien au contraire», révèle Tahiri.

En effet, des plateformes en ligne pour la commande ou la réservation de produits sont de plus en plus utilisées par les grandes surfaces et peuvent désengorger les points de vente physiques. Et Tahiri de rappeler que durant cette période, les commerçants prévoient généralement d’augmenter les effectifs ou d’ajuster les horaires pour faire face à la forte affluence, garantissant ainsi un service rapide et de qualité. «Il est clair que nous ne pouvons faire l’économie d’une sensibilisation des consommateurs et d’une communication proactive, à travers des campagnes locales ou digitales, qui peuvent orienter les visiteurs sur les produits disponibles et encourager des comportements d’achat prévoyants pour éviter les pénuries», conclut-il.