La gestion des ressources humaines doit être une priorité pour assurer plus d’efficacité.
Rechercher des solutions pour remédier au blocage des projets par les élus.
Par C. Jaidani
La vocation des collectivités territoriales (CT) est d’apporter, dans le cadre de leur champ d’action, un service public aux citoyens et aux opérateurs. Institué depuis l’époque du protectorat, leur système de fonctionnement a subi quelques mises à niveau qui n’ont pas suffi à corriger de nombreuses lacunes. Force est reconnaitre que l’environnement socioéconomique a nettement évolué au moment où le Royaume est en passe de lancer un nouveau modèle de développement. Les administrations locales se doivent de répondre à des exigences de performance, d’efficacité, d’efficience, de rapidité d’exécution et à une attente grandissante des usagers.
«Les réformes des CT opérées par le passé ont donné la priorité à des aspects de type juridique et administratif. La gestion des ressources humaines a été marginalisée ou placée en seconde position. Du coup, les CT ne disposent pas de profils pointus ou de cadres ayant un certain savoir-faire élevé. Pourtant, ces entités accusent un sureffectif du personnel et la grande partie est formée d’agents ne disposant que d’un faible niveau d’instruction et peu de formation. Le niveau d’encadrement est lui aussi faible, avec en plus une masse salariale élevée. Le phénomène des fonctionnaires fantômes bat également son plein. Les présidents et les membres des bureaux privilégient le recrutement de leurs proches ou d’individus qui obéissent à des considérations électorales», souligne Mohamed Namiri, professeur de droit administratif à l’Université Hassan II de Casablanca. Pour accompagner l’essor du développement préconisé, les agents des CT ont besoin d’un niveau de qualification plus élevé. L’action locale est devenue plus ardue, et pour y répondre, les effectifs doivent être motivés et bien formés.
«Au niveau de la gestion des ressources humaines, le système de fonctionnement des CT est dépassé, n’arrivant pas à séduire les bonnes compétences. Plusieurs postes de grande importance sont vacants depuis une longue période faute de candidats. La commune de Casablanca à titre d’exemple n’arrive pas à recruter des médecins légistes pour viser les autorisations d’enterrement des décès à cause du salaire proposé qui n’est pas intéressant», souligne Namiri.
Il faut donc que les CT optent pour une professionnalisation des emplois et une amélioration continue des compétences de leurs agents. Le système des contrats est préconisé pour avoir une certaine flexibilité en matière de recrutement. Outre l’aspect des ressources humaines, les CT sont pointées du doigt pour leur laxisme et leur manque d’efficacité en matière de prise de décisions. Certains projets de grande importance ont pris du retard à être lancés, parfois pour des raisons de financement, de procédure ou à cause du blocage de certains élus.
«La décharge de Médiouna a été lancée en 1996 pour une période provisoire de 10 ans maximum. Sa fermeture a été différée à plusieurs reprises, au point que le volume des ordures a atteint 70 m de hauteur, créant un désastre écologique de grande ampleur. Outre les odeurs nauséabondes pour les riverains, le site a impacté sérieusement la nappe phréatique de la région. La nouvelle décharge n’a été ouverte que récemment. Le projet a été bloqué à cause de la réticence de certains élus qui mettaient des bâtons dans les roues pour des raisons strictement politiciennes, faisant fi de l’intérêt de la ville», souligne Fouad Adil, conseiller à la commune de Mers Sultan et militant associatif. Le blocage des projets est un phénomène qui touche toutes les CT du Royaume. Le président fait souvent face à des réserves et vétos des élus de l’opposition. Le département de tutelle est contraint d’intervenir pour débloquer la situation, surtout si les projets concernés revêtent une extrême urgence.