Les normes parasismiques sont devenues obligatoires. Outre la responsabilité des maîtres d’ouvrage, celle des autorités concernées est engagée.
Le Maroc est constitué de cinq zones sismiques, selon l'étude des risques géologiques.
De nouvelles technologies sont déployées pour la construction d’ouvrages résistants.
Les normes parasismiques sont devenues obligatoires. Outre la responsabilité des maîtres d’ouvrage, celle des autorités concernées est engagée.
Le Maroc est constitué de cinq zones sismiques, selon l'étude des risques géologiques.
De nouvelles technologies sont déployées pour la construction d’ouvrages résistants.
Le Maroc s’est doté d’un ensemble de règles et de lois régissant la construction parasismique. Ces textes sont actualisés pour répondre aux meilleures normes en la matière. Le dernier en date est le Règlement de Construction Parasismique appelé «RPS 2000 version 2011». C’est une version renforcée et réactualisée du Code entré en vigueur en 2002. Cette loi, qui fixe les règles de calcul et de dimensionnement des structures pour renforcer la résistance des ouvrages aux secousses sismiques, édicte les dispositions techniques de génie civil et de conception architecturale permettant aux bâtiments de résister aux secousses sismiques, et se fixe pour objectifs d’assurer la sécurité des personnes pendant un tremblement de terre, ainsi que la protection des biens matériels. «Dans un contexte d’évolution marqué par un Maroc en large chantier à ciel ouvert, il est important d’offrir aux acteurs de premier plan l’opportunité de mieux appréhender le contenu du nouveau code, pour une meilleure application des normes», souligne Houssine Ejjaaouani, président de l’Association marocaine de génie sismique (AMGS). «Il est question de la sécurité de nos concitoyens, et cela engage la responsabilité de notre corps professionnel», poursuit-t-il.
Avec désormais l’affinage du zonage sismique, la classification plus poussée des bâtiments selon leur importance et leurs fonctions et l’introduction de logiciels d’analyse, de calcul et de conception des structures, le RPS 2000 version 2011 est avant tout un «outil vital qu’il faut maîtriser et savoir utiliser». Le nouveau code introduit, en effet, un nouveau paramètre : la vitesse sismique du sol, permettant la mise en place d’une carte de zonage supplémentaire divisant elle aussi le Maroc en cinq zones.
Selon les études géologiques et parasismiques, le découpage géographique est dicté par le risque de secousses telluriques. La région d’Al Hoceima et d’Agadir sont classées en pole position. Ces deux zones ont connu par le passé deux catastrophes dévastatrices : Agadir en 1960 et Al Hoceima en 2004. Depuis, les autorités de ces deux villes sont très regardantes en matière de respect des normes parasismiques qui sont devenues obligatoires sur tout le territoire national.
«Il y a beaucoup d’acteurs qui interviennent dans les opérations de construction dont la responsabilité est engagée en premier. Ils ont le devoir de maîtriser et de suivre à la lettre les dispositions en vigueur. Faute de quoi, ils exposent les populations, s’exposent eux-mêmes et exposent le corps professionnel. Avec des dispositions obligatoires qui s’imposent à tous les professionnels, le Code de Construction Parasismique doit être absolument généralisé», rappelle Ejjaaouani. Et pour une question aussi sensible que celle de la sécurité, «l’AMGS s’est fait un devoir citoyen de favoriser et d’encourager activement les connaissances des acteurs, qu’ils soient ingénieurs, praticiens, bureaux d’études, laboratoires, entreprises et universitaires, du public comme du privé», conclut-il.
Le poids de l'informel dans le BTP et l'ampleur du phénomène de l'autoconstruction impactent l’application de normes antisismiques. C’est pour cette raison que la nouvelle version du code parasismique responsabilise aussi bien le maître d’ouvrage que tous les acteurs concernés dans l’opération de construction comme les bureaux d’étude, les promoteurs immobiliers et, surtout, les autorités concernées.
Outre l’aspect obligatoire des lois, l’approche de sensibilisation et d’information est prônée pour encourager le développement des normes de la bonne construction. C’est l’objectif majeur de l’AMGS.
Pour rappel, l’AMGS est constituée essentiellement d’un groupe d’experts dans différents domaines. Elle a pour mission de favoriser et d’encourager le développement des connaissances du phénomène sismique au Maroc, de ses conséquences et de la prévention vis-à-vis des dangers dus à ce phénomène.
L’association rassemble les expériences dans ce domaine et en discute et, le cas échéant, elle pourvoit à leur publication. Elle participe activement à l’enrichissement des connaissances en matière de mouvements sismiques et de comportement et encourage les échanges d'informations, de documentations, d'idées, de résultats d'observations, de recherches théoriques ou expérimentales intéressant directement ou indirectement les disciplines du génie parasismique. Elle œuvre pour le développement et la diffusion des connaissances dans le domaine du génie parasismique, notamment des constructions parasismiques et se veut un relais pour l'Association Maghrébine du Génie Parasismique.
Par Charaf Jaidani
La philosophie des codes parasismiques
La construction parasismique est incontestablement le moyen le plus sûr de prévenir les conséquences d’un tremblement de terre. Elle exige le respect préalable de normes de bonne construction, et repose également sur des principes spécifiques dus à la nature particulière des charges sismiques ; principes et leur mode d’application sont généralement réunis, avec plus ou moins de détails, dans les codes parasismiques.
De nombreux pays exposés aux phénomènes possèdent des législations dédiées. Le niveau d’élaboration des codes est toutefois assez variable d’un pays à l’autre. Certains pays, comme le Maroc qui s’inspire du modèle français, disposent également de prescriptions techniques destinées à assurer une prospection plus poussée d’ouvrages à risque spécial.
Le premier code parasismique a été élaboré durant les années 20 au Japon, pays à forte sismicité. Les immeubles conçus conformément à ce code se sont bien comportés lors du séisme de magnitude 8,2 qui s’est produit dans la région du Kanto en 1923. En Californie, un autre pays à forte exposition, le premier code a vu le jour en 1933. Il faut attendre 2002 pour voir le premier code marocain, dont une version actualisée est lancée en 2011.