Circulation routière: le permis de conduire pour les motos de moins de 50 cm3 à l’étude

Circulation routière: le permis de conduire pour les motos de moins de 50 cm3  à l’étude

Le Maroc enregistre en moyenne 3.500 morts/an pour un parc roulant de près de 4 millions de véhicules. La Narsa prévoit d’orienter davantage son action vers les catégories d’usagers de la route présentant plus de risques.

 

Par C. Jaidani

Les accidents de la circulation continuent de peser lourdement sur la société et l’économie marocaines. Selon des chiffres officiels, ils coûtent 1,7% du PIB, mais d’autres sources indépendantes évoquent 2 à 2,5% du PIB. Le Maroc enregistre ainsi en moyenne 3.500 morts/an pour un parc roulant de près de 4 millions de véhicules et une population de 37 millions d’habitants. Ce chiffre est quasiment le même affiché en France pour un parc roulant de 38 millions de véhicules et une population de près de 70 millions d’habitants. Rappelons que le Maroc a consenti beaucoup d’efforts pour lutter contre le phénomène, à travers un nouveau code de la route et le déploiement de moyens de contrôle de pointe. La stratégie déployée par les autorités a certes pu stabiliser les accidents de la circulation par rapport à 2015 (année de référence), mais elle n’a pas atteint tous ses objectifs. Si l’on décortique les chiffres, on remarque que le nombre de tués chez les automobilistes a baissé de 30%, mais a, par contre, grimpé de 31% chez les deux-roues. Cette dernière catégorie représente quasiment 40% des décès.

Mohammed Abdeljalil, ministre du Transport et de la Logistique, a reconnu dernièrement, devant la Chambre des représentants, les limites de la stratégie nationale de lutte contre les sinistres routiers. Il a fait savoir que son département prépare un nouveau plan pour la période 2024-2030, conformément aux objectifs de l’ONU de réduire de 50% le nombre de décès par accident d’ici 2030. De son côté, Benacer Boulaâjoul, Directeur général de Narsa, précise que son organisme «est en train d’évaluer la stratégie pour capitaliser sur les éléments qui ont donné de bons résultats et identifier ceux qui connaissent des manquements ou des dysfonctionnements».

«A ce niveau, nous avons constaté qu’il y a un problème avec les deux-roues dont la sinistralité ne cesse d’augmenter et pour laquelle il faut trouver des solutions», note-t-il. A cet égard, Narsa veut agir sur différents leviers pour réajuster cette stratégie et cibler encore plus les catégories d’usagers de la route à risque, particulièrement les deux-roues et les piétons. L’agence étudie la possibilité d’imposer le permis de conduire pour les motos de moins de 50 cm3 ainsi que la visite technique.

«Cette catégorie de la population ne respecte pas assez les dispositions du Code de la route. Certains usagers ne portent pas de casque ou, dans certains cas, ne sont pas homologués. Leurs moteurs peuvent ne pas correspondre aux normes exigées et présenter de grands risques pour la sécurité. Dans ce cadre, nous avons préparé un projet de loi pour imposer le permis de conduire à cette population. Le texte prévoit également la visite technique. Nous sommes en train de nous inspirer de l’expérience de certains pays dans ce domaine», affirme Boulaâjoul. Il précise par ailleurs que «la problématique de la sécurité routière ne relève pas uniquement des administrations, mais d’autres entités locales ou régionales comme les communes. Ces entités ont de nombreuses prérogatives en matière de déploiement de la signalisation ou d’aménagement des routes et des infrastructures». Et de poursuivre que «nous avons relevé des pratiques illégales dans le marché des cyclomoteurs, notamment l’importation de motos neuves pour ensuite les déclarer comme étant d’occasion afin d’échapper à l’homologation».

En outre, avec l’évolution démographique et économique, les routes marocaines sont devenues très encombrées, d’où l’émergence de nouveaux moyens de mobilité, comme les trottinettes. Mais ces engins ne sont pas encadrés juridiquement et ne sont pas pris en considération par le Code de la route. A ce sujet, Boulaâjoul note que «ne nous disposons pas de statistiques dans ce sens, mais il existe un projet de loi pour les réglementer. Actuellement, les trottinettes ne représentent pas des risques majeurs pour la sinistralité routière, mais nous voulons anticiper». 

 

 

 

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