Un programme développé par l’INRA, en partenariat avec des organismes internationaux, a donné des résultats concluants. Les nouvelles variétés sont également résilientes aux maladies et assurent un bon rendement.
Par C. Jaidani
Véritable baromètre de la campagne agricole et de l’économie nationale, la céréaliculture est la filière la plus importante du secteur agricole. Ainsi, elle regroupe 1,4 million d’exploitations déployées sur 3,65 millions d’hectares, soit plus de 70% de la surface agricole utile (SAU). Procurant près de 30 millions de journées de travail par an, l’activité assure l’emploi à plus de 2,3 millions de personnes, soit près de 18% de la population active.
Avec une valeur ajoutée moyenne de 10 milliards de DH, elle génère 16 milliards de DH de chiffre d’affaires, représentant 20% de celui de l’agriculture nationale. En dépit de tous ces indicateurs révélateurs à plus d’un titre, l’activité demeure fortement dépendante des aléas climatiques. Selon les années, la récolte peut osciller entre 30 à 110 millions de quintaux par an. La pluviométrie demeure le facteur le plus déterminant dans le rendement, d’autant que la plupart des exploitations sont situées dans les zones bour.
Depuis son lancement, le Plan Maroc Vert (PMV) a accordé une attention particulière au développement de la filière. Génération Green lui a emboîté le pas, et de nombreuses dispositions sont prises dans le cadre de contrats-programmes signés entre l’Etat et les professionnels du secteur. Ainsi, le rendement n’a cessé d’augmenter, passant d’une moyenne de 12 qx/h au cours de la période 2003-2007 à 17 qx/hectare entre 2015-1019, soit une croissance de 43%. Le niveau devrait passer à plus de 20 qx/hectares au cours de la période 2020-2024, mais la succession des années de sécheresse a eu des effets néfastes sur les récoltes. Outre le pari de la mécanisation et de l’irrigation, l’utilisation des semences résistantes à la sécheresse demeure un levier majeur pour faire face à l’irrégularité de la pluviométrie.
Grâce à un partenariat avec le Centre international de recherche agricole pour les zones arides, l’Institut national de recherche agronomique (INRA) déploie un ambitieux programme pour lancer des variétés résilientes à la sécheresse et parfaitement adaptées au climat semi-aride du Royaume. Ce programme a déjà permis de développer de nouveaux types de semences pour les trois principales céréales, à savoir le blé dur, le blé tendre et l’orge. Les recherches s’activent pour cibler d’autres céréales comme l’avoine ou le triticale.
«Ce programme a nécessité une dizaine d’années de recherche. L’idée est de croiser, dans une seule variété, les qualités des autres semences, dont particulièrement la résistance à la sécheresse et aux maladies, sans oublier bien entendu le rendement. Nous exploitons la diversité génétique pour dénicher les qualités souhaitées. Les expériences menées ont donné des résultats concluants dans de nombreuses régions du Royaume», souligne Faouzi Bekkaoui, Directeur général de l’INRA.
Reste à souligner que la réduction de la fluctuation des récoltes passe nécessairement par la maîtrise de l’impact météorologique. Un objectif qui permettra d’atténuer la dépendance du Maroc de l’étranger pour satisfaire ses besoins en blé, d’épargner des avoirs en devises et de stabiliser le revenu des agriculteurs. Tenant compte que les importations de blé atteignent en moyenne quelque 6 millions de tonnes par an pour une valeur estimée à plus de 13 milliards de DH, cette facture pèse lourdement sur la balance commerciale et celle de paiement. In fine, le Maroc doit investir conséquemment sur les variétés résistantes à la sécheresse afin de maintenir l’équilibre de la céréaliculture, qui assure une source de revenu pour 80% de la population rurale. Cette activité joue également un rôle important de soutien pour les filières d’élevage.