Selon le cabinet UkrAgroconsult, l’Ukraine va connaitre une baisse de production céréalière de plusieurs millions de tonnes en 2023.
Le Maroc, qui a couvert 30% de ses besoins en blé tendre en provenance de ce pays l’année dernière, sera-t-il impacté ?
Par A. Diouf
Il y aura encore une bousculade sur le marché mondial des céréales cette année. Les conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine vont à nouveau se faire sentir dans les champs ukrainiens. Le gouvernement de ce pays, l’un des greniers du monde, table, en effet, sur une récolte de céréales en baisse de 36% par rapport à l’année dernière, soit 50 millions de tonnes. En cause, une diminution des surfaces cultivées (-27%), la hausse des coûts du carburant, mais aussi des machines agricoles plus difficiles à trouver et un manque de main-d'œuvre. Ainsi, avec ces contraintes, l'Ukraine devrait récolter 12 millions de tonnes de blé et 15 millions de tonnes de maïs en moins par rapport à l'année dernière.
Cela, c’est le scénario optimiste avancé par les pouvoirs publics ukrainiens. De l’autre côté, les projections du cabinet UkrAgroconsult font état d'une baisse de production de 16 millions de tonnes de blé et 21 millions de tonnes de maïs. Et si ces derniers chiffres se confirment, ils auront un impact automatique sur les exportations de céréales. En effet, l'Ukraine exporterait alors pour la campagne agricole 2023/2024, selon UkraAgroconsult, 3 millions de tonnes de blé en moins (9,5 millions de tonnes) et 7 millions de tonnes de maïs en moins (19 millions de tonnes).
Trouver d’autres fournisseurs
Ce qui veut dire donc que les pays qui faisaient leur marché en Ukraine vont devoir trouver d’autres fournisseurs. Il s’agit principalement des pays africains. Si ceux de l'Afrique du Nord, qui achetaient en direct près de 30% des exportations de blé d'Ukraine avant la guerre, se sont déjà adaptés et n'ont importé cette année que 8% du blé ukrainien commercialisé hors du pays, il n’en est pas de même pour le Maroc. En effet, les importations de blé tendre effectuées l’année dernière par les membres de la FNCL (Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses) en provenance de l’Ukraine ont frôlé la barre des 30%. Autrement dit, plus que ses voisins, le Maroc devra dès à présent se pencher sur la question pour trouver un ou des remplaçant(s) à l’Ukraine. Selon un membre du bureau de la FNCL, «il n’y a pas de souci à se faire.
Le Maroc est très diversifié en termes de sources d’approvisionnement. Outre les pays de l’UE (France, Allemagne, Pologne, Roumanie, etc.), le Maroc s’approvisionne aussi d’Argentine, d’Angleterre, des pays de la Baltique, des Etats-Unis et parfois même d’Australie». La majorité du blé tendre importé l’année dernière est venue de l’Hexagone. En effet, sur l’ensemble de la campagne 2022/2023, c’est-à-dire sur la période des six mois allant de juin à janvier 2023, les importations de blé tendre du Maroc ont porté globalement sur 3.356.568 tonnes, et la France en a fourni plus de 2,2 millions de tonnes. Elle est suivie loin derrière par l’Allemagne qui en a fourni près de 545.000 tonnes, puis par la Lituanie (151.500 tonnes) et la Pologne (124.243 tonnes). Le Maroc a aussi importé du blé d’Argentine (85.870 tonnes), de la Lettonie (63.249 t), de la Roumanie (63.082 t), des Etats-Unis (31.900 t), de l’Estonie (27.053 t) et du Canada (20.765 t). Bref, le Royaume ne sera pas impacté.
Pour l'heure, les importations mondiales sont en hausse sur la campagne actuelle. Il n'y a pas de pénurieet l'approvisionnement en blé des grands pays importateurs n’est pas menacé. Il est assuré par les concurrents de l'Ukraine sur le marché des céréales, c'est-à-dire la Russie et l'Union européenne, explique la Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde. Bien entendu, les importateurs marocains mettent à profit cette période favorable pour constituer le maximum de stocks possible. L’objectif étant, à la fois, de répondre aux attentes des minotiers dont la production de farine sera très demandée durant le mois de Ramadan qui débute le 23 mars prochain, et de bénéficier des primes de restitution dont la durée de validité a été prolongée jusqu’à fin avril.