Les récoltes céréalières devraient atteindre 55 millions de quintaux.
La superficie emblavée n’a pas dépassé 3,65 millions d’hectares.
Par C. Jaidani
Les premières projections concernant les récoltes de la campagne agricole 2022/2023 commencent à être livrées. Mais pour avoir des chiffres plus précis, il faut attendre le début du mois de mai prochain, à l’occasion de la tenue du Salon international de l’agriculture de Meknès (SIAM). Dans tous les cas de figure, les chiffres publiés dernièrement laissent augurer une campagne très moyenne. Ainsi, à l’issue de la réunion de son dernier Conseil, Bank Al-Maghrib a annoncé que «la production des trois principales céréales serait limitée par la superficie emblavée qui n’aurait pas dépassé 3,65 millions d’hectares», selon le département de l’Agriculture.
De surcroit, les cultures hors céréales pâtiraient des restrictions sur l’eau d’irrigation et de la cherté des intrants. Dans ces conditions, les projections élaborées sur la base des données disponibles au 10 mars 2023 tablent sur une récolte céréalière d’environ 55 millions de quintaux. Ainsi, après une contraction de 15% en 2022, la valeur ajoutée agricole augmenterait de 1,6% en 2023. Ces récoltes sont en baisse de près de 27% par rapport aux hypothèses fixées par la Loi de Finances 2023 qui tablaient sur une récolte de 75 millions de quintaux. Pour revenir à l’évolution de la saison, notons qu’après un démarrage difficile, elle a bénéficié d’un certain redressement grâce aux précipitations des mois de janvier et février. Toutefois, ces pluies ont été faibles durant le mois de mars en cours et la météo nationale n’annonce pas de pluie pour les semaines à venir.
«Une bonne campagne agricole a besoin d’une répartition spatio-temporelle des pluies. Cette année, l’apport en eau a été perturbé particulièrement lors du démarrage et en ce mois de mars. Des périodes cruciales pour l’emblavement des terres et pour la poussée des plantes. Toutefois, force est de constater que la saison a été également impactée par un recul des investissements des exploitants qui, sous l’effet de la sécheresse de la précédente saison, ne disposaient pas des revenus nécessaires pour mener les travaux du sol et les semis. Une partie des fellahs a préféré garder la terre en parcours naturels pour le bétail afin de réduire les charges et les risques», a indiqué Abderrahim Mouhajir, consultant agricole.
Outre la céréaliculture, d’autres filières ont été marquées elles aussi par le désintérêt des agriculteurs pour investir, à l’image de la filière fruits et légumes. C’est ce qui explique en partie la flambée des prix de ces produits, due essentiellement à une baisse sensible de l’offre. Dans ces circonstances, le secteur agricole et le monde rural demeurent sous pression. D’où une forte probabilité de vivre de nouvelles incertitudes, d’autant que les réserves en eau des barrages ne sont pas rassurantes. En l’absence de pluies dans les semaines à venir, il faut s’attendre cette année à des restrictions sur l’utilisation des ressources hydriques.