La sécheresse et la hausse des prix des intrants, principales contraintes.
Des périmètres irrigués dans une situation critique.
Par C. Jaidani
Dans quelques semaines, la campagne agricole 2022/2023 démarrera sur fond de nombreuses incertitudes. C’est une saison exceptionnelle à plusieurs niveaux. Différents éléments pèsent lourdement sur son déroulement, notamment la sécheresse sévère qui a impacté le pays, générant une récolte médiocre de 34 millions de quintaux de céréales seulement. Dans le monde rural, un vent d’inquiétude souffle. Les agriculteurs, qui font face à un déficit de trésorerie, devraient trouver des difficultés pour financer le démarrage de la campagne à cause de la flambée des prix de tous les intrants.
Les semences ordinaires pour les trois principales céréales ont atteint des niveaux historiques. Pour le blé dur, les prix tournent autour de 5 DH/kilo, alors qu’en saison normale ils étaient négociés en moyenne à 3 DH/kilo. Concernant le blé tendre, son prix culmine à 4 DH contre 2,5 à 3 DH auparavant. Les prix de l’orge, eux aussi, oscillent dans la même fourchette, enregistrant une hausse de 40%. La botte de paille affiche un tarif compris entre 25 et 30 DH. On remarque toutefois qu’il existe des nuances entre les différentes régions du Royaume, celles du Nord résistant mieux à la tension sur les prix comparativement à celles du sud.
«Les mois d’octobre et novembre seront déterminants. Si les pluies sont au rendez-vous et bien réparties dans l’espace et dans le temps, le démarrage de la saison agricole sera bien réussi et permettra d’entamer la suite avec sérénité. Ces conditions favorables devraient inciter les agriculteurs à accélérer les travaux et augmenter le niveau d’emblavement des terres», souligne Abderrahim Mouhajir, ingénieur agronome. Et de souligner que «pour les zones bour, la situation peut être redressée facilement si les apports en eau sont suffisants. Ce qui n’est pas le cas pour les zones irriguées où les réserves des barrages présentent une situation critique, notamment dans les bassins de Souss, El Haouz ou l’Oriental. Certaines filières, dont les fruits et légumes, devraient être fortement touchées par la baisse des stocks en eau. L’effet se fait déjà sentir et les prix de certains produits ont connu une nette hausse».
Au 12 septembre 2022, le taux de remplissage des barrages est légèrement supérieur à 25%. Sous l’effet de la sécheresse, il risque de se dégrader davantage dans les semaines à venir. Les autorités concernées, notamment les Offices régionaux de mise en valeur agricole (ORMVA), ont commencé à rationaliser les approvisionnements en eau. En dépit de cet environnement hostile, les exploitants gardent espoir et espèrent une bonne année agricole pour combler le manque à gagner enregistré au cours de la saison qui vient de s’achever.
«Nous avons appris à cohabiter avec la sécheresse. Nous sommes habitués à l’alternance des années humides et des années où la pluie fait défaut. Mais nous n’avons jamais assisté à une telle sévérité climatique. Cela nous rappelle le début des années 80», témoigne Ahmed Kassoumi, un fellah de la région des Mdakra (région d’El Gara). «L’Etat doit nous apporter son soutien pour entamer la saison dans de bonnes conditions», conclut-il..