◆ Le retard des pluies inquiète les exploitants.
◆ Une troisième année de sécheresse serait catastrophique.
Par C. Jaidani
Le démarrage de la campagne 2020/2021 est exceptionnel à plus d'un titre. Les effets de la crise sanitaire et les deux années successives de sécheresse pèsent lourdement sur le moral des fellahs. Tout en reconnaissant ces contraintes, Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime et des Eaux et Forêts s'est voulu rassurant.
Devant la Chambre des représentants, lors de la discussion du budget de son département, il a annoncé une série de dispositions, comme la disponibilité d’un stock de semences certifiées de 1,6 million de quintaux à des prix quasi similaires à ceux de l'année dernière. Elles sont distribuées sur 270 points de vente dans tout le territoire national. Il a par la même occasion révélé que le Fonds de développement agricole (FDA) sera doté d’une enveloppe budgétaire de 4,2 milliards de DH, soit une hausse de 3% comparativement avec 2019.
Dans le monde rural, un vent d'inquiétudes et d'attentisme règne à cause du retard des pluies. Le nombre de terres emblavées est en recul par rapport à la normale. Les souks hebdomadaires, qui connaissent normalement une forte dynamique en cette période de l’année, font grise mine.
«La plupart des exploitants ont vu leur revenu chuter et leur trésorerie pénalisée. Ils ne peuvent financer la saison dans de bonnes conditions. Aid Al-Adha, qui devrait leur donner une bouffée d'oxygène, n'a pas tenu toutes ses promesses à cause de la crise sanitaire», témoigne Bouchaib Essafi, paysan de la région de Benslimane. Toutefois, les agriculteurs sont connus par leur capacité de rattrapage. Une fois la pluie rendez-vous, une course contre la montre va être enclenchée pour travailler le sol et lancer les semis.
Pour les éleveurs, la situation s'aggrave davantage. L'aliment de bétail frôle des niveaux records. La botte de paille est commercialisée à un prix moyen de 25 DH. Le prix de l'orge est à 3 DH le kilo, celui du maïs à 2,80 dh/ kilo et l'aliment composé dépasse les 3 DH le kilo. En revanche, les prix des bêtes ont plongé. Les exploitants estiment que c’est pas le bon moment pour investir dans l’élevage.
«Si la sécheresse perdure cette saison, je serai incapable de rester à la campagne. Je n'ai pas le choix que liquider tout et aller vers la ville pour de nouveaux horizons», ajoute Essafi. Même dans les périmètres irrigués, la situation est inquiétante, surtout ceux se situant dans le sud du Royaume comme Souss, El Haouz ou Ouarzazate où l’irrigation devient très rationnalisée.
Dans l’ensemble, le volume de remplissage des barrages a atteint, le 13 novembre 2020, 5,9 milliards de m3, soit un taux de remplissage de 35,9% contre 44,9% au cours de la même période l’année dernière. Il faut dire que les prochaines semaines seront déterminantes pour dissiper les inquiétudes : tout dépendra de la pluie.