Ce montant représente moins de la moitié de ce que l’Etat doit aux importateurs de blé tendre.
A fin janvier 2023, les primes de restitution ont, en effet, atteint 10,8 milliards de DH.
Par A. Diouf
L a décélération des cours du blé tendre se poursuit sur les marchés mondiaux. Les prix, qui ont atteint des sommets en juin dernier (plus de 528 DH le quintal) suite aux perturbations induites par la guerre russo-ukrainienne, ont fortement chuté pour atteindre 396 DH le quintal à fin janvier 2023. Tant mieux ! Les primes de restitution accordées par les pouvoirs publics aux importateurs vont dans le même sens. Ce qui est une bonne chose pour les finances publiques.
En effet, c’est en profitant de cette tendance à la baisse des prix, qui a commencé en août dernier et qui pourrait connaitre un retournement de situation à n’importe quel moment, que l’Etat et les importateurs se serrent les coudes pour rassurer la population à la veille du mois sacré de Ramadan où le pays atteint son plus haut pic de consommation de pain et de farine.
C’est à cet effet que les pouvoirs publics ont pris deux importantes mesures. La première a consisté à prolonger la durée de la subvention à l‘importation de blé tendre, mise en place depuis novembre 2021, à fin avril 2023, contre fin décembre 2022 précédemment. Alors que la seconde mesure a porté sur l’accélération des restitutions des primes qui ont atteint 4 milliards de DH à la fin du mois janvier 2023, sur un total de 10,8 milliards.
Un montant de remboursement qui pouvait être dépassé
Selon l’Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL), en effet, «en tenant compte du délai de six mois pour le déblocage des primes, en janvier 2023 nous devions rembourser les primes de juin. Mais voilà, nous ne disposons pas de tous les documents justificatifs devant être fournis par les importateurs pour les dédommager. Autrement dit, le montant des primes versées pouvait être plus important sachant que c’est le mois où les cours du blé tendre ont été au plus haut».
En tout cas, ces versements ne règlent pas les problèmes de trésorerie auxquels sont encore majoritairement confrontés les importateurs. Malgré tout, ils semblent pour l’heure suffisants pour maintenir le marché à flots. En effet, selon un membre du nouveau bureau de la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL) qui a préféré garder l’anonymat, «il n’y a pas d’inquiétude à se faire à propos de la disponibilité du blé panifiable, et donc de la farine à l’approche du mois sacré de Ramadan, dont le démarrage est prévu le 22 ou le 23 mars prochain. Je peux vous garantir que le marché est bien achalandé, le stock de sécurité est assuré et nous venons juste de boucler nos commandes d’avril».
La France, principal fournisseur
En termes de provenance, signalons que le blé importé par le Royaume est massivement venu de France. Le Maroc, qui d’ordinaire subvient à la moitié de ses besoins en blé, a énormément souffert de la sécheresse et s’est retrouvé beaucoup plus dépendant de ses importations. Les achats de blé français ont presque été multipliés par dix dans les premiers mois de la campagne si l’on compare à l’année dernière. La France a ainsi exporté 1,6 million de tonnes de blé vers le Maroc sur les 5 premiers mois de campagne 2022/23 contre 0,14 million de tonnes seulement sur la campagne 2021/22. Et sur la période allant de juin 2022 à janvier 2023, les importations de blé tendre du Maroc ont porté globalement sur 3.356.568 tonnes.
La France en a fourni plus de 2,2 millions de tonnes. Elle est suivie loin derrière par l’Allemagne qui en a exporté près de 545.000 tonnes, la Lituanie (151.500 tonnes), la Pologne (124.243 tonnes), l’Argentine (85.870 tonnes), la Lettonie, la Roumanie, les USA, l’Estonie et le Canada avec respectivement 63.249 t, 63.082 t, 31.900 t, 27.053 t et 20.765 t. Signalons que par port de débarquement, celui de Casablanca a totalisé 1.831.896 tonnes, soit plus de 54,5% des quantités importées. Il est suivi de loin par celui de Jorf Lasfar avec un débarquement global de 710.082 tonnes, puis d’Agadir (380.284 t), Nador (254.762 t), Tanger (115.885 t) et Safi (63. 660 t).