CAN 2025 - Mondial 2030 : du ballon rond à la diplomatie d’influence

CAN 2025 - Mondial 2030 : du ballon rond à la diplomatie d’influence

Au Choiseul Africa Forum 2025, responsables publics et investisseurs ont débattu de la CAN 2025 et du Mondial 2030 comme leviers de soft power et de croissance, faisant du Maroc la vitrine d’une Afrique ambitieuse et tournée vers l’impact.

 

Par R. Mouhsine

Le sport s’est invité, mardi 4 novembre à Rabat, au cœur des discussions économiques. Le panel «CAN 2025 et Coupe du monde 2030 : l’Afrique au cœur du jeu, entre diplomatie et soft power», organisé dans le cadre du 6ème Choiseul Africa Business Forum, a offert une plongée dans ce que le football représente aujourd’hui pour le Maroc et pour le continent : un moteur d’investissement, un outil diplomatique et un symbole d’unité.

Réunissant Mouad Hajji (FRMF), Mike Coffi (Africa Capital Markets Corporation), Will Mbiakop (African Sports and Creative Institute), Jeremy Botton (SSM Group) et Ismaïl Loubi (EvoSport, UM6P), le débat a dressé le portrait d’un continent qui veut transformer sa passion sportive en puissance économique et géopolitique. Pour Mouad Hajji, coordinateur général de la Fédération royale marocaine de football pour le Mondial 2030, la co-organisation de cet évènement est «la consécration de plus de vingt ans d’investissements stratégiques».

«Cette Coupe du monde n’est pas une finalité, mais un incubateur», a-t-il affirmé, soulignant qu’«elle s’inscrit dans une vision royale de long terme, fondée sur les infrastructures, la diplomatie et la formation».

Le responsable a souligné la création de la Fondation Maroc 2030, chargée de coordonner la préparation de l’événement, d’accompagner les villes hôtes et de favoriser l’appropriation populaire de cette échéance historique. L’ambition étant de faire du Mondial un projet collectif et inclusif, porté par tous les Marocains. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie plus large, celle du soft power marocain, déjà renforcé par l’organisation prochaine de la CAN 2025 et par la diplomatie d’influence que le Royaume exerce sur la scène africaine.

Le sport, moteur de transformation économique et sociétale

Pour Will Mbiakop, président exécutif de l’African Sports and Creative Institute, le sport est un outil de transformation économique et culturelle à l’échelle continentale.

«L’Afrique, c’est 1,4 milliard d’habitants, avec une moyenne d’âge de 19 ans. Le sport doit être un catalyseur de développement socioéconomique global», souligne-t-il. Citant les campagnes «Visit Rwanda» et les méga-événements organisés au Maroc, il a plaidé pour une stratégie panafricaine d’investissement dans la Sportstech, le tourisme sportif et le bien-être, trois secteurs capables de générer croissance et emplois durables.

Mike Coffi, PDG d’Africa Capital Markets Corporation, a pour sa part rappelé que l’économie du sport ne pouvait plus dépendre uniquement du mécénat et des États  : «nous devons attirer des capitaux privés, penser le sport comme un actif économique à part entière, tout en gardant son impact social. Le sport africain doit devenir rentable, structuré et exportable». Il a évoqué le modèle de Detect ProFund, un fonds d’investissement qu’il dirige, et son partenariat avec la PSG Academy pour former des jeunes talents en Afrique de l’Ouest.

Laurent Benarousse, Directeur général de Laurent Berger France & Maroc, a replacé le débat dans une perspective économique globale : «la candidature maroco-ibérique n’est pas née hier. Elle résulte d’une vision entamée il y a près de 30 ans. Organiser un grand événement sportif, c’est avant tout un projet de société : un levier de cohésion nationale, de fierté et de développement territorial». Il estime que 90% des investissements liés au Mondial consisteront à accélérer des projets déjà programmés : routes, aéroports, hôpitaux, équipements publics.

Selon lui, l’impact économique pourrait représenter jusqu’à un point de PIB supplémentaire par an pendant plusieurs années. Jeremy Botton, président du SSM Group, a quant à lui mis l’accent sur la dimension humaine. «L’organisation d’un grand événement ne doit pas se limiter aux infrastructures. Il faut penser à l’expérience des spectateurs, à l’accueil, aux fan zones, à la mobilisation nationale. C’est toute une société qu’il faut embarquer», estime-t-il.

Former, innover, ancrer

L’intervention d’Ismaïl Lyoubi, directeur d’EvoSport (UM6P), a permis d’ancrer la réflexion dans la durée. Il a insisté sur la formation, l’innovation technologique et l’ancrage territorial : «Investir dans le sport, c’est d’abord investir dans l’être humain. Nous formons des talents et développons des startups capables d’accompagner la transformation numérique du sport marocain».

Pour lui, la réussite du Mondial 2030 passera par la création d’un écosystème sportif durable, associant les acteurs publics, les entreprises et les coopératives locales, jusque dans les villes non hôtes. Au-delà des chiffres, des stades et des bilans, un consensus s’est dégagé : le sport est un langage universel, une arme douce mais puissante.

«Organiser la Coupe du monde, c’est projeter l’image d’un Maroc stable, moderne et accueillant», a résumé Laurent Benarousse. «C’est un message au monde : le Maroc et l’Afrique sont prêts», conclut-il. 

 

 

 

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