Pour peu que l’on s’intéresse aux nouvelles pratiques des entreprises marocaines, il est assez aisé de constater leur dessein d’étendre leurs activités hors du Maroc.
Concrètement, celles-ci élaborent des stratégies afin d’exporter davantage vers les marchés porteurs ou de s’y implanter tout simplement.
Cela dit, la question qui mérite d’être posée est de savoir si le système fiscal national, par le truchement d’exonérations, est assez incitatif pour l’implantation des entreprises marocaines à l’étranger. Celles-ci sont de plus en plus pénalisées par un marché domestique saturé qui a comme corollaire la baisse de l’activité et le lot de difficultés de trésorerie.
Interrogé par nos soins sur l’existence d’avantages fiscaux pour les expatriés marocains employés par les sociétés nationales implantées à l’étranger, Salaheddine Nadif, expert-comptable et associé au cabinet BDO, est formel :
«Au Maroc, il n’existe pas de mesures spécifiques dédiées aux expatriés, à l’exception des avantages fiscaux prévus par les conventions en la matière, et qui permettent la non-double imposition des revenus des expatriés».
A l’évidence, l’inexistence d’exonération des revenus des expatriés marocains dans le système fiscal national sonne aux yeux des apôtres de l’internationalisation des entreprises du pays comme une incohérence de taille, à l’heure où il existe un foisonnement de politiques publiques allant dans le sens de faire rayonner le tissu entrepreneurial à l’étranger.
Il convient de préciser que le système fiscal français exonère les revenus des expatriés. Ce qui incite d’une certaine manière les entreprises françaises à dépêcher leurs compétences dans les différents pays d’implantation.
L’avantage pour l’entreprise en question réside dans le fait qu’elle permet à sa structure présente à l’étranger de disposer d’un management de qualité aux mêmes standards, tout en faisant bénéficier ses employés d’une expérience internationale, qui s’avère être utile dans bien des cas.
Œuvrer pour l’existence de mesures fiscales avantageuses
Pour l’associé du cabinet BDO, il ne fait aucun doute qu’il est du ressort d’un nombre limité d’institutions d’oeuvrer pour l’existence d’avantages fiscaux en faveur des expatriés marocains de plus en plus nombreux, en raison de l’implantation croissante des entreprises nationales à l’étranger, notamment en Afrique. Parmi ces institutions, il y a lieu de citer la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), les conglomérats d’association d’entreprises et l’Association marocaine des exportateurs (Asmex).
Cela dit, l’adoption dans la Loi de Finances des exonérations fiscales en faveur des expatriés est quelque part tributaire du degré de militantisme des entreprises marocaines au sein des associations précitées, qui sont en quelque sorte des caisses de résonance des doléances de leurs membres. Or, le constat est qu’à l’échelle nationale, le débat sur cette question non moins importante est à l’état embryonnaire.
Un moyen d’attirer davantage les Marocains en Afrique
Certaines entreprises marocaines présentes sur le continent ont parfois du mal à trouver au sein de leur effectif des candidats à l’expatriation, notamment dans certains pays africains. Outre un salaire attractif et d’autres avantages en nature, Salaheddine Nadif estime que l’exonération des revenus des expatriés durant leur séjour à l’étranger est un argument de taille particulièrement attractif pour des employés réticents qui, grâce à cette mesure, pourraient économiser jusqu’à 30% de leur salaire. En somme, d’autres mesures de cette nature en matière de mutuelle et de retraite devraient aussi être étudiées afin d’attirer les talents marocains sous d’autres cieux, et ce au grand bénéfice des entreprises nationales en quête de nouveaux relais de croissance sur le continent. ■
Par M. Diao
Encourager l’internationalisation
Les multiples actes posés par l’Etat au cours de ces dernières années témoignent de la volonté des pouvoirs publics de promouvoir l’internationalisation des entreprises marocaines. Ce qui est de nature à renforcer positivement l’image de marque du Royaume à l’étranger. Cela dit, nombreux sont les professionnels gravitant autour du tissu entrepreneurial national qui prônent un ensemble de mesures cohérentes aussi bien d’ordre macroéconomique qu’à caractère interne à l’entreprise afin de promouvoir l’internationalisation. Mais il faudrait encore aller plus loin dans les mesures incitatives concrètes. A ce titre, certains chefs d’entreprises estiment qu’il serait judicieux d’instaurer au Maroc la déductibilité des charges liées à la prospection à l’international.