Aluminium: «Le secteur est appelé à connaître un essor remarquable»

Aluminium: «Le secteur est appelé à connaître un essor remarquable»

Le secteur de l’aluminium joue un rôle clé dans l’industrie marocaine, notamment dans le domaine du bâtiment. Les opérateurs du secteur font face à la taxe carbone, entrée en vigueur le 1er octobre 2023. Entretien avec Nadia Tinasti, Directeur général d’Imalum (Industrie marocaine d'aluminium).

 

Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : Unique femme marocaine à la tête d'une entreprise métallurgique au Maroc et en Afrique, quelle réflexion faitesvous sur votre parcours dans ce secteur ?

Nadia Tinasti : L’extrusion de l’aluminium est une industrie lourde assez complexe technologiquement et qui demande des investissements financiers conséquents et beaucoup d’investissement personnel de la part de l’équipe dirigeante. Le parcours est difficile, mais passionnant. Et quand on fait les choses avec cœur, on oublie, par moment, qu’on est un homme ou une femme. Ce qui compte, c’est le parcours et les résultats bien sûr.

F.N.H. : De manière globale, quels sont les rôles et les enjeux du secteur de l'aluminium dans l'industrie marocaine ?

N. T. : Le secteur de l’aluminium est important au Maroc. Il emploie une main-d’œuvre directe qualifiée importante. Il est appelé à connaitre un essor remarquable au vu des efforts de restructuration et d’innovation entrepris par les industriels et des politiques économiques menées par le pays. Aujourd’hui, l’aluminium est majoritairement utilisé dans le secteur du bâtiment par rapport à ses concurrents, le bois et le polychlorure de vinyle (PVC). Sa croissance sera donc corrélée à celle du bâtiment. Mais il va davantage profiter du secteur industriel qui a de bons jours devant lui, vu la politique d’industrialisation que connait le Maroc. C’est un métal léger, résistant et malléable qui peut rentrer dans la composition de plusieurs produits industriels. Le spectre de son utilisation est très large. Cela va de l’automobile, du ferroviaire, du maritime, du solaire pour arriver aux produits du quotidien, notamment le mobilier, les vélos ou encore les pièces pour différentes machines.

F.N.H. : Imalum a été certifiée ISO 14001 par Quality Austria, en reconnaissance de votre engagement pour la préservation de l'environnement. A l'ère de la décarbonation, comment les acteurs du secteur font face à la réduction de l'empreinte carbone ?

N. T. : La certification ISO 14001 est une démarche volontariste de la part d’Imalum. Elle émane de notre conscience de l’importance que nos activités aient un impact le plus neutre possible sur notre environnement et sur la planète que nous allons léguer aux générations futures. Dans ce sens, nous avons entrepris un certain nombre d’actions et d’investissements depuis le démarrage de l’unité de production. A titre d’exemple, nous avons investi dans une station d’épuration de nos effluents liquides, procédé au tri et à l’élimination de nos rejets solides, travaillé sur notre bilan énergétique… Cela coïncide, depuis octobre dernier, avec l’entrée en vigueur de la période transitoire du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF) instauré par l’Union européenne. Nous sommes en train de nous préparer pour réduire encore davantage notre empreinte carbone.

F.N.H. : Dans le même ordre d'idées, comment gérez-vous au sein d'Imalum les aspects liés à la qualité, l'hygiène, la sécurité et l'environnement ?

N. T. : La qualité, l'hygiène, la sécurité et l'environnement sont des sujets importants qui tiennent à cœur au management de Imalum et qui sont les piliers de notre politique qualité. Afin de mettre en place un système de surveillance systématique, autonome et infaillible, nous avons adopté un référentiel international connu pour sa rigueur, le système ISO. Nous avons donc pu avoir la triple certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 45001 en 2001.

F.N.H. : Bien que le Maroc ne soit pas un producteur d'aluminium, il exporte cette ressource à l'étranger. Pourriez-vous nous donner un aperçu du pourcentage des exportations de ce secteur ?

N. T. : Le Maroc n’est effectivement pas un producteur de l’aluminium brut. Cependant, la valeur ajoutée créée au pays est importante en ce qui concerne le travail du métal par extrusion. La qualité et le sérieux marocains sont prouvés. Aujourd’hui, les exportations marocaines sont encore timides, mais elles seront appelées à augmenter considérablement dans les années à venir afin de profiter pleinement de tout notre potentiel.

F.N.H. : Comment envisagez-vous l'évolution future du secteur et quelles perspectives entrevoyez-vous avec la relance du secteur immobilier notamment ?

N. T. : Nous sommes optimistes quant à l’avenir du secteur de l’aluminium. Le Maroc a engagé de grandes réformes qui améliorent son attractivité et son climat des affaires. Il a adopté des politiques économiques de développement industriel qui sont en train d’attirer différentes industries dans le Royaume et qui seront de potentiels consommateurs de produits en aluminium. Plusieurs clusters sectoriels sont intéressants dans ce sens, à savoir l’automobile, le solaire, l’électronique, la mécatronique ou encore la mécanique… Le secteur immobilier est également très intéressant, dans la mesure où il est en attente des chantiers qui vont contribuer à honorer les échéances et les manifestations que le Maroc va organiser sur son sol et qui vont redynamiser le secteur.

F.N.H. : Dans un contexte de concurrence internationale, comment Imalum se positionne-telle pour rester compétitive sur le marché local et mondial de l'aluminium ?

N. T. : Dans un marché ouvert comme le nôtre, où le pays a signé des accords de libreéchange avec les principaux pays concurrents, il faut dire que la concurrence est rude. Mais, nous connaissons nos points forts de qualité, de service clients et de flexibilité que nous essayons de mettre en avant et d’exploiter au maximum. 

 

 

 

 

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