5,4 millions de tête identifiées, mais l’offre peut atteindre les 7 millions.
Forte tension sur les prix à cause de la sécheresse
Par C. Jaidani
A l’approche de l’Aïd Al-Adha, les préparatifs sont à un stade très avancé, si l’on en croit Mohamed Saddiki, ministre de l’Agriculture, du Développement rural, des Pêches maritimes et des Eaux et Forêts. Son département a annoncé récemment que «l’offre est assez suffisante pour couvrir la demande.
Ce sont près de 5,4 millions de têtes d’ovins et de caprins destinés à l’abattage qui ont été identifiés par l’ONSSA. 214.000 unités d’élevage et d’engraissement d’ovins destinés à l’Aïd ont été enregistrées auprès de cet office. Ces unités font l’objet d’un suivi rigoureux».
En dépit des assurances du département de tutelle, le marché prend des allures de folie à cause des prix qui se sont inscrits à la hausse. «La hausse des prix des ovins à l’approche de l'Aïd Al-Adha est un phénomène récurrent qui se répète chaque année. Il est dû essentiellement à la spéculation. Mais cette année, c’est différent. Les éleveurs sont les exploitants agricoles les plus impactés par les effets néfastes de la sécheresse qui a sévi ces dernières années. Le coût de production n’a cessé d’augmenter pour atteindre des niveaux jamais enregistrés auparavant. Toutefois, il faut noter que l’offre est assez conséquente», souligne Abderrahmane Majdoubi, président de l’Association nationale ovine et caprine (ANOC).
Contactés à ce sujet, de nombreux professionnels de la filière ovine ont assuré qu’il existe une hausse des prix comprise entre 15 et 30%. Ce renchérissement touche pratiquement toutes les races présentes au Maroc : Bergui, Bni Guil, Demane, Béjaâd et Sardi. «Sardi est la race la plus appréciée des Marocains vivant dans le centre du Royaume. Cette année, les prix oscillent entre 3.000 DH et 4.000 DH pour un antenais de 6 à 9 mois et culminent entre 3.500 et 6.000 DH pour les moutons de plus d’un an. Il faut rappeler que nous avons vécu une saison difficile. Il y a quelques années, l’aliment de bétail, principal facteur de production, nous revenait entre 6 à 10 DH/jour. Mais cette année, il faut dépenser au moins 15 DH/jour/mouton. Cela veut dire qu’il faut dépenser mensuellement 450 DH. Pour la période de l’engraissement qui dure de trois à quatre mois, il faut compter entre 1.300 à 1.500 DH, sans compter les autres charges de main-d’œuvre d’encadrement sanitaire ou autre», souligne Hamid Marbouh, éleveur dans la région de Médiouna.
Mais d’autres professionnels du secteur estiment que «les prix devraient se stabiliser ou régresser à l’approche de l’Aïd, car à cause de l’inflation, de nombreuses personnes n’ont pas les moyens d'acheter le mouton et elles sont déjà lourdement endettées. Du coup, la demande va fléchir et les éleveurs devraient revoir à la baisse les prix des moutons, puisqu’ils ne peuvent les garder au-delà de l’Aïd car ils seront perdants», souligne Mohamed Maskini, président d’une coopérative dans la région de Benslimane.