A cause des intermédiaires, il existe un grand déphasage entre le prix à la production et celui à la consommation.
Les marchés de gros seront dotés d’infrastructures modernisées et disposant de plateformes multi-produits et multi-activités.
Par C. Jaidani
C’est un truisme de dire que la distribution des produits agricoles fait partie des points noirs du secteur agricole. Le contexte inflationniste qui prévaut est de nature à exacerber la différence entre les prix à la production et ceux à la consommation.
D’ailleurs, cette donne pour le moins préjudiciable aux bourses marocaines, chahutées par la hausse généralisée des prix, a poussé les autorités, en l’occurrence le ministère de l’Agriculture et celui de l’Intérieur et d’autres démembrements de l’Etat, à superviser administrativement les marchés de gros déjà existants. La construction de nouveaux marchés de gros est aussi présentée comme une solution structurelle aux maux évoqués plus haut.
L’objectif serait de mieux valoriser les produits agricoles en assurant leur qualité et une bonne répartition dans tout le territoire national. L’autre paramètre prouvant la centralité du sujet est que «Génération Green» accorde une grande importance à la modernisation du circuit de distribution. Mohamed Sadiki, ministre de l’Agriculture, du Développement rural, des Pêches maritimes et des Eaux et Forêts, a posé un diagnostic édifiant lors de l’une de ses interventions à la Chambre des représentants. Et ce, dans le cadre des questions orales dans l’hémicycle. Le ministre avait ainsi pointé du doigt les contraintes qui freinent l’intégration entre les filières de production au niveau des marchés de gros, les marchés hebdomadaires et les marchés de proximité.
Selon lui, «ces difficultés sont liées à la faiblesse des infrastructures et des services, l’absence d’un mode de gestion approprié, les conditions d’hygiène inadéquates, les disparités de couverture du territoire national et la multiplicité des intermédiaires». Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a aussi abondé dans le même sens. Le CESE a indiqué dans une étude que la flambée des prix des produits agricoles est due en grande partie à la présence d’intermédiaires à plusieurs niveaux.
Ceux-ci constitueraient un maillon non négligeable de la chaîne de valeur de façon insaisissable et informelle. Il est clair que les collecteurs, les courtiers, les ramasseurs, les organismes de stockage frigorifiques, les détaillants et les semi-grossistes facilitent l’écoulement de la production des petits agriculteurs et producteurs, mais ces acteurs contribuent au renchérissement du prix de vente final aux consommateurs et perturbent le fonctionnement des chaînes de valeurs. Génération Green ambitionne de mettre en place une nouvelle génération de marchés.
Concrètement, 12 sites supplémentaires dédiés aux fruits et légumes seront construits dans toutes les régions du Royaume, à l’horizon 2030. La construction de pas moins de 5 projets de marchés de gros est déjà entamée dans les villes de Rabat, Berkane, Meknès, Agadir et Marrakech. Le fort engagement du gouvernement est également conforté par la conclusion de plusieurs accords avec de nombreuses communes. L’objectif étant de réhabiliter et moderniser 100 marchés hebdomadaires à l’horizon 2030.
L’autre ambition de Génération Green est la modernisation des abattoirs dans l’optique d’atteindre 120 sites accrédités. Par ailleurs, au Maroc, l’on dénombre une dizaine d’abattoirs accrédités sur un total de 796. C’est dire l’ampleur du travail qui reste à faire en la matière.