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Visa For Music aura bien lieu en novembre aux mélomanes

Visa For Music aura bien lieu en novembre aux mélomanes

 Les organisateurs maintiennent leur calendrier et donnent rendez-vous du 18 au 21 novembre 2020.

 Avec Visa For Music qui s’apprête à fêter dignement ses sept ans, Rabat entend consolider son rang de «Ville lumière et Capitale marocaine de la culture».

 

Propos recueillis par R.K.H

 

Et de sept pour Visa For Music (VFM) ! Un rendez-vous exigeant, repu de découvertes lumineuses, d’audaces programmatiques et de sensations rares. Il se veut convivial, fraternel et promotionnel, en mettant en lumière des talents jeunes et prometteurs, manquant de visibilité au niveau international.

Il est le premier salon professionnel et festival des musiques d'Afrique et du Moyen-Orient. Mis en œuvre par une poignée de battants, qui lui imprime annuellement dynamisme et sagacité, le bilan de Visa For Music est toujours plus qu’espéré.

A quoi pouvons-nous en attendre ? En prélude à ce grand défrichage, son fondateur, Brahim El Mazned (infatigable défenseur des cultures et l’un des plus dévoués serviteurs des rways, chikhates et chioukhs de l’aïta), se confie avec son franc-parler habituel. Passionnant.

 

Finances News Hebdo : Vous avez décidé de maintenir l'édition 2020 malgré les incertitudes liées à l'épidémie de Covid-19. Alors que la plupart de festivals importants sont annulés, êtes-vous inquiet pour le VFM ?

Brahim El Mazned : Oui, bien sûr nous sommes inquiets pour Visa For Music mais notre inquiétude ne doit pas nous laisser dans la passivité. Personne ne peut prétendre connaître la fin de cette crise, les conséquences liées à cette épidémie et les mesures qui seront prises au mois de novembre. Peut-être que la circulation sera encore très limitée empêchant des artistes et des professionnels de nous rejoindre ? Quelles seront les mesures de distanciation physique ? Y aura-t-il une deuxième vague ?

Malgré ces incertitudes, il nous tient à cœur de pouvoir maintenir ce rendez-vous qui est attendu. C’est l’une des rares manifestations d’hiver et un événement important pour la ville de Rabat, capitale culturelle du Royaume. Nous attendons de la part des pouvoirs publics d’investir plus dans la culture et nous comptons sur la fidélité de nos partenaires pour pouvoir organiser l’événement.

 

F.N.H. : Premier salon professionnel et festival des musiques d'Afrique et du Moyen-Orient. L’année dernière vous avez drainé quelque 12.000 spectateurs. Seriez-vous, à l'heure actuelle capable de savoir si vous pourrez accueillir et dans quelles conditions une trentaine de showcases, pas moins de 300 artistes, plus de 1.000 professionnels ? Sans oublier les exposants qui sont l'âme du rendez-vous. Epidémie oblige, les organisateurs sont amenés à repenser totalement la forme de la manifestation. Que pouvons- nous en attendre ?

B. M. : Les opérateurs culturels, dont nous faisons partie, et les artistes sont poussés à se réinventer et à trouver de nouvelles façons d’être avec le public. Le débat est posé sur la table, pas seulement chez nous mais à travers le monde. Nous nous devons d’être agiles et créatifs et faire preuve d’une grande capacité d’adaptation. Etant donné qu’aujourd’hui nous ne pouvons pas connaître les mesures qui seront mises en vigueur à la fin de l’automne, nous explorons et construisons différents scénarios basés sur le nombre de personnes pouvant être rassemblées en un même lieu.

Même si le digital prend une place de plus en plus importante et permet des beaux moments de partage – nous avons d’ailleurs vu naître de magnifiques initiatives pendant le temps de confinement– nous ferons le nécessaire pour offrir l’expérience du live que seul le spectacle vivant est capable de produire.

 

F.N.H. : Comment se déroule l’organisation, les négociations avec les groupes, etc. ?

B. M. : Suite à l’appel à candidatures, clôturé dernièrement, nous avons reçu presque 800 candidatures, ce qui montre à quel point les artistes croient à l’importance de ce rendez-vous et sont désireux d’aller à la rencontre du public. Nous sommes actuellement en phase de sélection. Les mesures prises par le gouvernement pour protéger la population ont donné un très gros coup de frein à l’organisation de Visa For Music. Dans le contexte de réouverture et de reprise des activités, les préoccupations économiques sont prioritaires pour toutes les entreprises. Nous sommes prêts à donner le coup d’accélérateur nécessaire dès que le moment sera le plus opportun.

 

F.N.H. : Une idée sur votre budget ?

B. M. : A cause de cette crise, nous n’avons pas encore pu rencontrer nos partenaires. Nous savons que quelques-uns ont des difficultés financières. Mais nous espérons que les événements culturels bénéficieront d’accompagnement de la part du gouvernement et des partenaires publics et privés, notamment ceux qui vont reprendre dans les mois à venir.

A Visa For Music, on compte beaucoup sur une relance culturelle proche.

 

F.N.H. : Dans quelle mesure votre structure a-t-elle subi les conséquences de la crise ?

B. M. : Les professionnels du spectacle n’étaient pas en première ligne du combat contre la Covid-19, mais ils ont été arrêtés les premiers et reprendront sûrement parmi les derniers. Bien entendu, nous n’avons pas été épargnés. Néanmoins, Anya, la société que je dirige, qui est organisatrice et productrice de Visa For Music, a différentes activités, toutes dans le secteur de la musique. Plusieurs événements sur lesquels nous travaillions ont été suspendus. En revanche, nous poursuivrons notre activité d’édition, qui n’est pas en lien direct avec le public, et préparons une nouvelle anthologie et un beau livre sur l’art des Rways. L’un et l’autre devraient sortir avant la fin de l’année.

Par ailleurs, Anya est lauréate du programme d’incubation Afrique créative. Nous bénéficions ainsi d’un accompagnement professionnel et structurant pour renforcer nos compétences et accélérer le développement de cette entreprise culturelle. Nous profitons donc de ce temps de diminution de l’activité pour mieux nous structurer et nous consolider pour faire face aux incertitudes. Nous poursuivons également notre travail sous l’égide de l’UNESCO dans le cadre du programme «La musique comme moteur de développement durable au Maroc». Il s’agit d’un programme financé par le gouvernement allemand (ministère fédéral pour la Coopération économique et le développement) qui comprend notamment des ateliers de sensibilisation à la musique, de développement de capacités en faveur des artistes et des opérateurs culturels et d’accompagnement des artistes en phase de production.

 

F.N.H. : Comment voyez-vous l’avenir de la culture post covid-19 dans notre pays et sa place dans le nouveau modèle de développement auquel aspire le Maroc ?

B. M. : Nous ne pouvons pas imaginer le développement futur de notre pays sans mettre la culture au centre, et ce d’autant plus que nous émergeons d’un long confinement avec peu d’opportunité pour les artistes. Ils sortent quasiment d’une année blanche !

Pour pouvoir redynamiser tous les secteurs et redonner une nouvelle image à l’espace collectif, il faut donner à la culture des places autres que celle d’Internet et de l’univers digital. Cela permet le développement de la cohésion sociale, d’avoir un autre goût du vivre ensemble, crée de la valeur et de la richesse, notamment pour les lieux et les espaces qui accueillent la production culturelle et artistique sans oublier les artistes et les créateurs. Il est nécessaire de renouveler la production culturelle et de donner la place à une autre façon de produire, de consommer, d’assister aux spectacles, dans toutes les formes et disciplines confondues.

 

F.N.H. : Qu’attendez-vous du nouveau ministre de la Culture ?

B. M. : C’est probablement la première fois qu’un ministre aussi jeune est nommé. Je le prends comme un signal positif !

Sa tâche n’est pas simple et les défis sont immenses. Cependant, partant d’un terrain pratiquement vierge, c’est une opportunité extraordinaire à la veille de l’ouverture de plusieurs énormes chantiers culturels au Maroc, comme l’ouverture des grands théâtres de Rabat et de Casablanca, la Cité des Arts de Tanger, Rabat capitale africaine de la culture ainsi que d’autres projets à Essaouira et Agadir.

Le développement de l’humain doit présider à toute action et être au cœur des considérations, que ce soit le statut de l’artiste, la formation, la création et la diffusion des œuvres. Il faut créer une nouvelle dynamique à tous les niveaux, de l’éducation artistique à la diffusion internationale. C’est l’occasion de travailler sur une vraie vision pour notre pays si riche en patrimoine immatériel et en énergie de sa jeunesse. 

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