La communication par formation, le journalisme par passion - d’écrire -, Sophia Akhmisse est depuis belle lurette la directrice de la Fondation Ali Zaoua. Elle nous parle, ici, du projet «SociabilArt».
Propos recueillis par R. K. Houdaïfa
Finances News Hebdo : Pouvezvous nous présenter «SociabilArt», le nouveau projet de formation lancé par la Fondation Ali Zaoua au profit des acteurs culturels marocains et français ?
Sophia Akhmisse : SociabilArt est un projet de formation-action que nous avons initié au niveau de la Fondation Ali Zaoua, avec la Fédération des maisons de la jeunesse et de la culture de la région Ile de France (FRMJC IdF) en 2020, dans le cadre du programme d’appui «Accès culture» financé par l’Institut français (Paris) et l’Agence française de développement (AFD) pour les opérateurs culturels africains. Pendant 3 ans, une douzaine de professeurs d’arts et de cadres de la Fondation Ali Zaoua et de la Fédération bénéficieront d’une formation active en matière de «droits culturels» dans le but de développer leurs compétences pédagogiques en matière de transmission des pratiques artistiques. Durant le programme, les participants seront appelés à mettre en pratique leurs connaissances à travers le montage d’un projet artistique commun, mêlant les publics français et marocains d’ici à l’été 2023.
F.N.H. : Vous dites qu’il a été mis sur orbite pour favoriser l’accessibilité des populations aux arts et à la culture. Dites-nous en plus…
S. A. : A travers ce programme de formation, nous souhaitons améliorer au sein de la Fondation Ali Zaoua la manière dont nos activités artistiques et culturelles sont mises en œuvre par nos équipes, afin de pouvoir renforcer notre qualité de service au mieux et d’être au plus près des attentes de nos bénéficiaires à travers notre réseau de centres culturels. Cela implique évidemment aussi bien les publics prioritaires, à savoir les jeunes issus de milieux sociaux différents sur un plus large réseau. C’est en ce sens que la notion de «droits culturels» est importante comme clé de lecture des différentes pratiques qui seront observées et partagées durant cette formation.
F.N.H. : Quelles sont, selon vous, les nouvelles méthodes de transmission de la culture ?
S. A. : Les méthodes de transmission évoluent régulièrement avec les époques et les outils dont nous disposons. Il est évident, qu’aujourd’hui, Internet joue un rôle très important dans la transmission du savoir, même dans le domaine culturel et artistique. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une partie de cette formation est basée sur des temps de travail en distanciel afin d’inciter les participants (formateurs et acteurs culturels sélectionnés) à expérimenter au mieux les outils et les opportunités que proposent les nouvelles technologies. C’est un volet d’ailleurs très important pour nous au sein de la Fondation, car nous travaillons depuis plusieurs mois sur un projet de plateforme digitale culturelle dont le but est de favoriser encore plus l’accès à la culture et à la pratique artistique, quelle que soit la distance.
F.N.H. : Comment développer l’inclusion sociale au Maroc et en France ? Par quels moyens ?
S. A. : Au cours de ce premier séminaire de formation, nous avons beaucoup insisté sur la notion de «faire avec» et non «faire pour» le public. En effet, l’inclusion, qu’elle soit au Maroc ou ailleurs, doit prendre en compte les personnes dans leur diversité et dans leur richesse individuelle et collective. On ne peut pas développer l’inclusion sociale sans être conscient de l’importance d’impliquer les publics avec lesquels nous souhaitons travailler. C’est une règle à laquelle nous tenons vivement au sein de la Fondation Ali Zaoua, depuis la création de notre tout premier centre à Sidi Moumen en 2014. Sans cela, on ne peut parler d’inclusion pérenne.
F.N.H. : Qu’entendez-vous par «droits culturels» ?
S. A. : Ce terme existe dans les règles de lois en France. Il est relativement discuté et débattu, et pourtant, il reste encore totalement abstrait même de ce côté de la Méditerranée. Au Maroc, c’est la première fois que l’on évoque ce terme, même s’il fait partie de notre réalité. En effet, favoriser l’accessibilité aux formes d’expressions artistiques et culturelles est au cœur de la notion de droits culturels. Comment ? C’est surtout ça la question et c’est le but de cette formation conjointe entre le Maroc et la France.
F.N.H. : Après une année mouvementée dans le secteur, comment appréhender aujourd’hui la chose culturelle/ artistique ?
S. A. : Il est vrai que l’année qui s’achève a été assez compliquée pour le secteur culturel, et surtout pour les artistes. De notre côté, nous avons fait en sorte de trouver de nouvelles méthodes de création et d’organisation au profit des jeunes pour lesquels nous travaillons, notamment à travers le digital comme je le mentionnais plus tôt. Cela dit, nous sommes tout de même heureux de pouvoir enfin entrevoir une reprise des activités culturelles ouvertes au public et d’élargir à nouveau notre champ. Je pense qu’il faut quand même continuer à rester prudent pour la sécurité de tous et respecter les normes sanitaires. Cela fait désormais partie de notre quotidien.
F.N.H. : Quels sont les ajustements opérés, surtout dans un contexte de crise sanitaire ?
S. A. : Pendant la période de confinement, les équipes de nos centres culturels de proximité à travers le Maroc se sont digitalisées. En effet, nous ne pouvions pas rester les bras croisés à attendre que cela s’arrête avant de retrouver nos jeunes. Nous avons donc pris le taureau par les cornes et avons dispensé des cours de musique, de danse, de théâtre et d’arts plastiques en ligne. Après le confinement, nous avons réduit notre capacité d’accueil et adapté nos espaces aux consignes des règles sanitaires afin d’accueillir en toute sécurité nos bénéficiaires au sein de nos centres. Depuis septembre 2021, nous avons, en plus de ces consignes, exigé à nos bénéficiaires de présenter un pass vaccinal afin de pouvoir accéder aux activités de nos centres. Jusqu’ici, tout se passe très bien et les gens sont plutôt rassurés pour leur sécurité sanitaire et celle de leurs enfants.
* Dossier de candidature à envoyer au plus tard le 5 février 2021