Par Abdelhak Najib
Monia Rizkallah n’est pas uniquement une immense violoniste, reconnue mondialement par les plus grands orchestres. Elle n’est pas seulement un véritable prodige du violon et une gloire à la fois en Allemagne où elle travaille à la Deutsch Oper Berlin, et au Maroc, mais c’est une femme de conviction et d’engagement. Atteignant ce haut niveau mondial, Monia Rizkallah de passer le relais, de former, de faire éclore d’autres talents, ici même, dans son pays le Maroc.
Et c’est là qu’elle lance et initie ce beau projet baptisé : El Akademia. Un projet qui a connu, dès sa première année, un succès phénoménal. Des centaines de jeunes y ont pris part. Des tournées dans plusieurs villes au Maroc pour dénicher les petites perles, le tout avec une abnégation digne des grands artistes. Simple, modeste, la tête sur les épaules, Monia Rizkallah incarne le travail bien fait, la force des principes et un sens aigu de la rigueur à toutes épreuves.
Évidemment, il y a derrière cette maîtrise une formation solide. Lauréate de plusieurs concours européens dont la «FNAPEC», la Bourse Lavoisier des affaires étrangères et la Bourse de la vocation «Marcel Bleunstein Blanchet», c’est en 1997 que la violoniste s’ouvre les portes de l’Académie Mozart à Varsovie où elle va apprendre aux côtés de Grégory Zhislin. Il lui suffit d’une année de travail et de discipline (ce qui est son fort) pour être admise dans la classe de perfectionnement de Thomas Brandis à Berlin.
C’est là que Monia Rizkallah remporte le second grand prix du concours «Ibolyka-Gyarfas-Stiftung». C’est un cap. Un autre niveau s’offre à elle. C’est là qu’en 2000, elle fait son entrée à l’Opéra de Berlin. La même année, elle sera invitée au Philharmonique de Berlin. Une consécration.
Depuis presque vingt ans, elle travaille, elle se perfectionne, elle apprend, elle avance, toujours avec la même humilité que seuls les grands portent dans le creux du cœur. Forte de cette réputation, elle décide d’apporter sa belle pierre à l’édification d’un Maroc où la musique classique peut jouer un grand rôle. C’est là qu’elle lance El Akademia dont la première édition s’est tenue en juillet 2017 à Rabat.
Un grand événement mené sous le patronage de l’Ambassade d’Allemagne et de l’Institut Goethe au Maroc, en partenariat avec le Conservatoire de musique et d’art chorégraphique de Rabat.
Pour Monia Rizkallah, la philosophie de cette action est limpide : El Akademia est une plateforme internationale regroupant des musiciens classiques issus des plus grands orchestres allemands. Cette structure a été créée dans le but de transmettre la culture d’orchestre au plus près des jeunes talents en devenir et les préparer à une carrière professionnelle. L’artiste va à la rencontre des jeunes marocains et découvrent de belles pépites. Depuis, le projet est sur les rails.
Ces escales marocaines n’ont pas empêché la violoniste de continuer sur sa lancée en Allemagne puisque Monia Rizkallah a fait partie de la très select Short list des nominés pour les Diwan Germany Awards, qui récompensent chaque année les artistes qui se sont illustrés dans leurs domaines. En toute logique, avec un parcours aussi immense, on ne peut qu’être salué par ses pairs, là où on va.
En effet, Monia Rizkallah a donné des concerts un peu partout en Allemagne et en Europe. Et elle a marqué l’année de belle manière faisant partie de la liste des artistes les plus respectés et aimés en Allemagne. Il faut également souligner que depuis 2002, Monia Rizkallah est titulaire du poste de premier chef d’attaque à l’Opéra de Berlin. Elle joue aussi régulièrement à l’orchestre philharmonique «A.Toscanini» en Italie ainsi qu’à Valence en Espagne à l’orchestre «Palau de arts».
Déclaration
«La double culture constitue indéniablement une richesse, sans clivage, ce n’est pas la culture marocaine d’une part et la culture française de l’autre. C’est plus un mélange qui se fait naturellement. Maintenant, lorsque l’on parle spécifiquement de musique classique européenne, les codes et l’histoire des œuvres ne permettent pas que l’on puisse s’en écarter. La façon de jouer est plus influencée par le caractère de l’interprète que par ses origines.»
«Mon violon, c’est devenu avec le temps un très fidèle partenaire. Je connais tout de mon violon, jusqu’aux diverses sonorités qu’il peut produire selon les conditions climatiques. Un même instrument ne sonnera pas de la même façon entre toutes les mains. C’est une «relation» si je puis dire exclusive et spéciale.»
«Mon rêve a toujours été d’intégrer une maison d’excellence. Cela a toujours été une source de motivation et de dépassement de soi très saine. On se mesure aux meilleurs, on se met en danger, on s’expose à des remises en question et parfois aussi à des échecs. On sort de sa zone de confort et on développe, comme pour des sportifs de haut niveau une force mentale. Aujourd’hui, mon ambition est plutôt tournée vers le partage de mon expérience, je ressens le besoin à mon tour de transmettre ce que j’ai pu apprendre; j’ouvre un nouveau chapitre.»