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Kamal Haïmoud, le nouveau visage du cinéma marocain, le caméléon

Kamal Haïmoud, le nouveau visage du cinéma marocain, le caméléon

En quelques années, et à peine à 27 ans, Kamal Haïmoud a su prendre sa place sur l’échiquier des acteurs au Maroc. Acteur doué, du talent, de la maîtrise, beaucoup d’instinct et une intelligence face aux caractères qu’il incarne pour les films qu’il choisit.

Ce jeune homme est un caméléon. D’un rôle à l’autre, il change de tête, de forme, d’aspect, de regard, de gestuelle, de mimique et de présence. On dirait un homme qui porte en lui plusieurs versions de lui-même qu’il adapte à chaque rôle qu’il choisit d’incarner. Face à sa maîtrise, on comprend toute l’étendue du mot «incarne », du latin «carne», voulant dire : habiter dans la chair. C’est exactement cela que nous offre Kamal Haïmoud, à chaque projet. «Tout est question de préparation pour pouvoir incarner un personnage, avec la complexité de sa psychologie, avec ses failles, ses secrets, ses hésitations, sa force et sa faiblesse. Il faut être au plus près de soi pour pouvoir interpréter plusieurs types de personnages sans jamais se répéter ni donner dans le cliché de soi-même. Pour y arriver, il faut lire, il faut travailler, se documenter, regarder beaucoup de films, apprendre des autres acteurs et chercher sa voie, sa manière d’être face à la diversité de la nature humaine, dans ce qu’elle a de plus complexe et de plus compliqué», affirme Kamal Haïmoud. 

De fait, quand on le regarde préparer ses rôles, on se rend compte  que pour ce jeune homme être acteur est une affaire «très sérieuse». Pour lui, l’exigence première est la crédibilité. Il faut être sincère à chaque moment pour donner à voir de véritables sentiments humains capables d’être sentis et ressentis par les autres. Autrement «on simule, on fait semblant et ce manque de sincérité se voit à l’écran et ne trompe personne», ajoute l’acteur, qui compte déjà plusieurs beaux projets à sa filmographie. Pourtant, il assure qu'il est encore un apprenti, un débutant, qui veut apprendre, qui cherche à se challenger, à chaque projet, pour aller le plus loin possible dans la compréhension de qui il est «pour pouvoir comprendre les personnages que je dois camper au cinéma ou à la télévision». 

C’est là un cheminement qui prend beaucoup de temps. Ceci, Kamal Haïmoud en est bien conscient : «Quand je vois les plus grandes figures du cinéma affirmer, avec sincérité, qu’elles apprennent toujours, après plus de 50 ou 60 ans de métier, je me rends compte d’abord que le chemin est long et que l’humilité est le secret de la longévité dans ce métier que j’ai choisi de vivre. Imaginez un acteur de la qualité d’un Dustin Hoffman qui dit qu’à chaque film, il réalise qu’il a de grandes failles et qu’il y travaille pour devenir la meilleure version de lui-même, alors que d’autres, qui ont quelques mois devant une caméra, affirment tout savoir et tout maîtriser !». En effet, pour l’acteur qui vient de signer un excellent rôle dans le long-métrage intitulé «Les évadés de Tindouf», où il s’est transformé physiquement pour être au plus près du personnage et son rôle dans la série «BAG» de Driss Roukhe, nous sommes face à deux Kamal Haïmoud, diamétralement opposés. Le jeu est différent. La voix et l’intonation sont différentes. La démarche a changé. Le regard s’est mué pour devenir celui d’un félin qui veut fondre sur sa proie, les expressions du visage, les gestes, tout est différent. Comme une signature pour un acteur, qui marche à l’instinct, qui refuse les projets qui ne lui correspondent pas et qui veille à rester égal à lui-même.

 


 
Abdelhak Najib
Écrivain-critique de cinéma

 

 

 

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