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FICAM : C’était TOON-TASTIQUE !!!

FICAM : C’était TOON-TASTIQUE !!!

Pas moins de 80 projections; des rencontres alléchantes; un hommage vibrant; une pluie d’étoiles… Le Festival international du cinéma d’animation de Meknès (FICAM) a fait fort pour sa vingtième édition.

Par R. K. Houdaïfa

 

Mercredi 11 mai, le rideau est tombé sur le FICAM*, et l’on a du mal à redescendre du nuage sur lequel il nous a fait voguer… Et l’on se passe et repasse en boucle des images, des plans, des séquences désormais indélébilement enkystés dans notre esprit, tant ils nous ont secoués par leur sublime. Car le festival ne nous a pas offert que des banquets terrestres, dont nous conservons, d’ailleurs, un arrière-goût enchanté. Il nous a surtout généreusement servi des œuvres, frappées du sceau de l’excellence. Des courts et longs métrages, la belle moisson. Les étoiles pleuvaient dru, mais la véritable star c’était le FICAM lui-même. Il a fêté, cette année, ses vingt bougies. Il se porte comme un charme et pas une ride ne transparaît. Rendez-vous obligé des mordus dudit cinéma et «premier festival du cinéma d’animation en Afrique et dans le monde arabe», nous font savoir les organisateurs. Une vitrine révélatrice aussi bien de jeunes pousses qu’uniquement des courants et des modes…

 

Grisés par sa longévité et le succès fulgurant de ses précédentes éditions,certains se sont empressés de comparer le FICAM à Annecy. C’était aller très vite en besogne. Soit. Aux amateurs de comparaisons sans rime ni raison, ceci n’est ni une copie ni une doublure d’Annecy; le FICAM constitue une manifestation qui possède sa propre âme - il est surtout un espace de dialogue, d’échange et d’ouverture. Pétri de fraîcheur, débordant d’entrain, le FICAM a pointé ses promesses alléchantes à l’horizon de nos sens gourmands.

 

Sur les 49 courts-métrages et les 7 longs-métrages inscrits en compétition, certains sont bâtis avec de faibles moyens, mais recelant parfois, sous de modestes écrins, de purs diamants. Les propositions cette année sont-elles de haut niveau ? Seuls les heureux élus qui les ont visionnées sont en mesure de répondre à cette question. Aux autres, reste le plaisir de la découverte. Ce qui n’est pas moins gratifiant.

 

Une sélection homogène dans le haut de gamme

France, Belgique, Luxembourg, Canada, Etats-Unis, Japon, République tchèque, Danemark, Allemagne, Roumanie, Hongrie, Slovaquie, Slovénie, Irlande, Chili, Royaume-Uni, Liban, Algérie : comme à l'accoutumée, les voyages dans l’imaginaire des peuples étaient particulièrement enchanteurs.

 

Le dévolu jeté sur Le Poème de Lamya, tricoté de la main d’Alex Kronemer, pour inaugurer sa XXème édition n'était pas fortuit, forcément. Le film, dont l’histoire est celle d’une jeune fille syrienne qui trouve un passage magique la conduisant vers Jallal Eddine Rumi (elle l’aidera à écrire le poème qui, 800 ans plus tard, lui sauvera la vie), est parfaitement conforme à la vision défendue par le festival. Il est une œuvre et non un produit, personnelle, exemplaire, et qui vogue sur un thème de prédilection du FICAM : «l’ouverture sur le monde». Or, cela ne constituait en aucun cas son seul mérite; les bons films se bousculaient au portillon et l’on a passé allègrement d’une agréable surprise à une autre, enchanteresse.

 

Selon la formule d’untel, et bien qu’Archipel (Canada) de Félix Dufour-Laperrière exhale un parfum d’amertume, il est vivifiant par la «poésie qui s’en dégage».

 

Les voisins de mes voisins sont mes voisins est l’autre film qui a épaté les entichés du cinéma d’animation. Troublant dans leurs manières de manipuler les codes, ce film, signé par les Français Léo Marchand & AnneLaure Daffis, dépeint les destins entremêlés de dix voisins, (in)capables de résister aux hasards (dé)favorables de la vie quotidienne. Noir… et très drôle.

 

La chance sourit à Madame Nikuko, du Japonais Ayumu Watanabe, ce récit d’une femme indépendante qui s’installe dans un petit village de pêcheur, dans le vain espoir d’y vivre avec sa fille, Kikurin, a conquis les observateurs. Les critiques ne sont pas les moins enthousiastes. On retient particulièrement le «parallèle métaphorique» entre Nikuko et Kikurin; la «justesse» avec laquelle Watanabe, dont c’est le deuxième long métrage, explore les marges de la société japonaise; «la portée dénonciatrice»... Pour nous, ce film, bien que fort rythmé et où l’on trouve une indéniable tendresse ainsi qu’un humour noir intempestif, relève de la pure contemplation - fascinée ou solidaire.

 

La traversée (France, République tchèque et Allemagne), ce longmétrage en peinture animée, est, quant à lui, époustouflant. Un film remarquable sous le signe de l’adieu à l’enfance et la peur du futur. Évitant l’écueil de la complaisance, la réalisatrice Florence Miailhe met ici en scène, dans un geste pictural d’une allègre mélancolie, ce qui a formé son imaginaire.

 

La concurrence était rude. Beaucoup ont préféré Le sommet des dieux (France, Luxembourg) de Patrick Imbert et Ma famille afghane de Michael Pavlatova, aux films cités auparavant par exemple. Et les arguments étaient tout autant imparables ! Les œuvres sont des petites merveilles, jamais si proches du conte que quand l’histoire flirte avec la réalité la plus brute, quand une poésie sans phrase nourrit un témoignage implacable sur les (dé)plaisirs humains.

 

 

*Cette édition qui s’est déroulée jusqu’au 11 mai à Meknès, se poursuivra jusqu’au 15 mai dans 11 autres villes marocaines grâce au FICAM Maroc

 

Etoiles : Un hommage leur a été rendu
Cette édition a rendu hommage à certains maîtres du doublage, qui assurent depuis 1990 le doublage des voix françaises de Marge et Homer dans les Simpsons, véritable phénomène de la pop culture à l’échelle planétaire : Philippe Peythieu et Véronique Augereau. Ces deux comédiens ont également donné une Master Class exceptionnelle autour de l’art du doublage, pendant lequel, le couple a gratifié le public du festival d’un doublage en direct, dans le cadre des Thés à la menthe avec…, «rendez-vous convivial qui est devenu, au fil des éditions, l’un des moments incontournables du festival», apprend-on.

 

 

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