Entre un sax geignard, un piano qui chavire et un guembri mélancolique, la programmation du festival Jazzablanca aura de quoi ravir les amateurs du jazz pur et dur. Aperçu du programme.
Par R. K. H.
Légende photo : Ben Harper, une des têtes d'affiche émouvantes de Jazzablanca.
Lors de la conférence de presse donnée le mardi 17 mai au Park Expo d’Anfa Park de Casablanca, la sérénité réjouie des organisateurs du festival était contagieuse. Ceux-ci étaient restés sur un nuage. Légitimement. Pour son baptême, Jazzablanca avait fait mieux que réussir, il avait épaté. En témoigne le succès fracassant aussi bien public qu’artistique qu’il a rencontré. Pour autant, les concepteurs ne sont pas tombés dans les travers de l’autosatisfaction. A l’énoncé des réjouissances, on sentait qu’ils avaient la volonté d’offrir un programme encore plus surprenant.
Auparavant, ils ont procédé à quelques réglages nécessaires. C’est ainsi qu’il est passé, après 7 ans, du Mégarama Casablanca à l’Hippodrome Casa-Anfa. Cette saison, le festival prendra ses quartiers à Anfa Park où la verdure généreuse procure fraîcheur et douceur.
Dessein formé il y a 15 ans, et ensuite mis en œuvre au pas de charge grâce au soutien indéfectible de quelques femmes et hommes de bonne volonté de la Fondation BMCI, le festival baptisé sobrement Jazzablanca, s’apprête à remettre le couvert du 1er au 3 juillet 2022. Pour la circonstance, Casa a soigneusement camouflé ses rides afin d’être au diapason de l’événement dont elle constitue l’écrin. Lequel événement ne manque ni de grâce ni de générosité, encore moins de singularité. Par volonté de nous en mettre plein la vue et l’ouïe, il propose une offre considérable de fleurons de la World music.
12 concerts, 6 grands noms
Du jazz au rock psychédélique, du blues à l’afrobeat, Jazzablanca saute élégamment du coq à l’âne, jeunes ou vieux briscards. La soirée du vendredi s’ouvrira dans l’intimité du quatuor magique Bab L’Bluz, figure du rock psychédélique pimenté de blues, pour se clore sur les airs du nouvel opus de Ibrahim Maalouf, Capacity To love. La ligne ludique, bien qu’y domine légèrement la tonalité Jazz, reste inchangée, mais l’affiche est éclectique. Une pluie de têtes d’affiche et de têtes couronnées, avec Erik Truffaz qui y mêlera ses rythmes jazz-électro au guembri du Maâlem Hamid El Kasri; le père du jazz éthiopien Mulatu Astatke y multipliera ses enivrantes rondes, blanches, noires, croches…; la craquante Natacha Atlas viendra rappeler combien sont superbes les percussions orientales quand elles sont en harmonie avec des airs électro-jazzy; Seun Kuti & Egypt 80, digne héritier du musicien révolté qu’a été son père - la légende nigériane Fela Kuti - surfera sur des rythmes d’Afrobeat, pour un concert qui porte le goût de la révolution; Gilberto Gil, sommité de la fusion du jazz et de la musique latine, viendra égayer la soirée avec un répertoire faisant partie de la vie et de l’histoire du Brésil; le compositeur, guitariste et chanteur israélien Asaf Avidan présentera son dernier opus Anagnorisis, aux influences hip-hop et gospel; les Lyonnais EYM Trio étaleront leur prodigieuse dextérité; l’inaltérable Majid Bekkas présentera son album african gnaoua blues Joudour; la mythique Oum présentera pour la première fois au Maroc son album Daba; Ben Harper & The Innocent Criminals, qu’on ne présente plus, offrira un concert festif dans une énergie folk-blues souvent militant, allié de rock, reggae ou du gospel.
Tous ces bonheurs seront à portée de vue. Phénoménal, n’est ce pas ? Qui plus est, Jazzablanca qui a résolument le nez en l’air, aménagera également son habituelle scène BMCI sur la place des Nations unies pour une moisson de concerts gratuits. Ça va décoiffer !