Laila Benhalima et Khadija El Fahli exposent, à la galerie MINE D’ART, des œuvres subtiles sur le temps qui passe, et s’attache aux réminiscences des corps féminins et des émotions.
Certains d’entre nous appréhendent le temps, continuité certes indéfinie, comme quelque chose qu'on attend au tournant. D’autres se méfient des secondes autant que des grains de sable qui leur échapperaient des mains. A voir celles – justement – de nos deux artistes, on hésite : entre les secondes déjà si vite passées qu’elles auraient attrapé à la va-vite le sujet jusqu’à le déliter.
Ou seraient-ce les secondes à venir qui sont en train de le former, de le saisir ? C’est là toute la qualité de Laila Benhalima et Khadija El Fahli que de nous faire osciller, avec leurs toiles, dans un entre-deux permanent. Car celles qu’elles peignent, semblent à la fois souvenirs et images en devenir.
C’est d’un éclat de couleurs, à la fois cosmique et social, réjouissant mais parfois confus, que brillent les toiles accrochées dans cette exposition et dont le titre («réminiscences féminines») révèle d’emblée que le sujet de ces artistes-peintres mettent en œuvre. De fait, toutes les deux ne font pas de leur art, à vrai dire, une histoire personnelle, mais collective.
Laila Benhalima s’évertue à mettre en couleurs le combat que mènent chaque jour les femmes pour se frayer une place de choix dans la société et surmonter les écueils qui se dressent face à elles. Des corps en transe flottent librement comme symbole de générosité, de grâce et d’épanouissement dans l’espace de la toile.
Et, en autodidacte ainsi qu’en ayant un style unique, Khadija El Fahli met en toiles, riches en symboles puisés dans la culture marocaine avec ses multiples composantes – arabo-afro-berbère et méditerranéen -, des récits telle une fenêtre sur le passé (notamment l’ambiance de son enfance), sur l’environnement, sur le monde...
Leurs pinceaux défilent la toile : leur tracé se déploie selon un mouvement vif et insaisissable dont l’observation, même la plus pointue, n’arrive pas à percer le mystère de la logique interne.