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Exposition: Hamidi, abstraction faite

Exposition: Hamidi, abstraction faite

Mohamed Hamidi, qui expose jusqu’au 10 janvier à La Galerie 38 un ensemble de peintures et de sculptures inédites, est l’une des figures majeures des arts plastiques de l’ère postcoloniale marocaine, et surtout un peintre inspiré.

 

Par R. K. Houdaïfa

 

 

Au sortir du vernissage, jeudi 25 novembre, les visiteurs rivalisaient d’adjectifs laudateurs à l’endroit de l’exposition «Hamidi, ici et maintenant». Absolument mérités, si l’on en juge par la minutie de sa mise en scène et la richesse de son contenu.

Les maîtres de céans de La Galerie 38, Fihr Kettani et Mohamed Chaoui El Faiz, promenaient un sourire qui ne trompait personne. Au terme du beau monde, du beau linge, la fine fleur des esthètes et des créateurs qui ont inondé les lieux, leurs visages prirent des couleurs radieuses. Ils étaient bien sûr contents d’observer que les invité(e)s, dans leur ensemble, ont apprécié l’expo : de derrière les fagots, s’accordent à dire les personnes que nous avons interrogées. Selon un peintre, jaloux de son anonymat, «ce travail est beau», ajoutant : «réellement, la plasticité est d’une qualité remarquable. C’est un excellent cru, si je puis m’exprimer ainsi».

Farah, jeune artiste, n’en est pas moins sincèrement laudatrice : «c’est magnifique, féerique. Il y a une belle alliance entre la couleur et la matière. Tout est au rendez-vous». Ce dont convint une artiste qui, soucieuse elle aussi de sa discrétion, après avoir émis de plaisantes réserves sur «le caractère fantasmatique» des panneaux de bois découpés offerts à voir et «la pléthore de références» qui les soustendent, conclut par cette formule aussi concise qu’enthousiaste : «ça fait rêver».

En somme, des œuvres époustouflantes, par lesquelles Hamidi manifeste sa capacité à aller de l’avant et à étonner à chaque fois. Sa sûreté de touche charme, sa maîtrise et finesse des formes impressionne, ses transitions douces entre les zones de couleurs, les jeux sur les transparences sont saisissants…ouf ! Les réalisations sont composées avec grâce. Intense plaisir que celui de s’abandonner à l’ivresse distillée par une certaine couleur rouge, accordée avec un bleu éblouissant, mais aussi avec une tâche de jaune.

L’ensemble constituant un univers chromatique tellement fascinant qu’il risque de détourner de l’essentiel. L’essentiel, ce sont ces formes qu’il fait danser sur le support. Mais alors que peut-on y lire, à travers ces seins isolés, ces phallus et ces vulves qui peuplent ses œuvres ? Ces parties du corps dont la portée symbolique est infinie. Ne connotent-elles pas la vie, l’amour et la volupté ? Le plus sage serait de ne pas se hasarder dans des interprétations peu convaincantes, et de se suffire du plaisir et de l’émotion que procure l’œuvre.

«Chaque forme symbolique réveille en nous des sentiments latents, mais combien profonds. Elle enregistre sous l’entrelacement des lignes, les concepts universels qui régissent nos rêves, notre inconscient le plus profond, le plus actif. La couleur opère au même degré que la forme, chaque couleur est investie d’une énergie différente et perçue différemment. Elle renferme et concrétise aussi une pluralité de mythes, de symboles et de concepts», souligne l’artiste.

Ses temps forts

Né en 1941 à Casablanca, Hamidi est un artiste diplômé de l’Ecole des beaux-arts de Casablanca (1958) et de l’Ecole des métiers d’art de Paris (1966) où il se spécialise auprès du fresquiste Jean Aujame. Là, il mena une vie d’artiste bohème, écume les ateliers, s’arrime aux musées, fréquente assidûment les galeries dans le dessein de parfaire son art. En 1967, il est invité à rejoindre le corps enseignant des BeauxArts de Casablanca composé de Farid Belkahia, Mohamed Melehi et Mohamed Chebâa. Il a également participé à l’exposition-manifeste, «Présence plastique», donnée à voir sur la Place Jamaâ El Fna en 1969, et où sont explicitées les relations entre l’artisanat marocain et l’art moderne.

«Car, bien évidemment, en représentant de manière obsessionnelle et sans l’épuiser ces ‘origines du monde’ ou représentations plus ou moins stylisées et diversement nuancées en couleurs, en point de vue, ou encore en interactions des sexes féminin et masculin, c’est de la pulsion de vie que permet la sexualité et l’érotisme que l’artiste entend nous évoquer», écrit la critique d’art, Syham Weigant, dans le catalogue de l’exposition. 

 

*Le portrait de l’artiste est à retrouver sur www.fnh.ma

 

 

 

 

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