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Anthologie : Rrways et Tarrwaysin, ces «gens du voyage»

Anthologie : Rrways et Tarrwaysin, ces «gens du voyage»

Les origines de leur musique, son histoire et son évolution dans le temps. «Rrways, voyage dans l’univers des poètes-chanteurs itinérants amazighes», une somptueuse anthologie qui nous aide à mieux comprendre leur art. Ici, quelques éléments éclairants.

 

«Les rais (Rrways, ndlr) vont de tribu en tribu, faisant parfois de longs séjours dans les kasbahs des caïds les plus généreux. Leurs ancêtres sont les rhapsodes de la Grèce antique, les trouvères et jongleurs du Moyen-Age», écrit Léopold Justinard en 1925.

Ceci dit, leurs origines sont inconnues, mais les premiers témoignages remontent à la fin du XIXème siècle comme le soulignent plusieurs chercheurs, musicologues ou aventuriers de l’époque tels Hans Stumne, Alexis Chottin ou Paul Chatinières. Quant aux Tarrwaysin, c’est à Tiznit qu’elles se remarquent timidement dès les années 1920 au sein de troupes exclusivement féminines chargées d’animer des soirées chez les notables de la ville, comme le signale l’ethnologue Odette du Puigaudeau dans son ouvrage «La Route de l’Ouest».

Leur art est une combinaison de danses, de musiques non écrites et de chants profanes ou religieux, portés par des poèmes d’une intense diversité et d’une exceptionnelle qualité. Ceux-là font la part belle à l’amour, la beauté de la nature ou le respect de Dieu, mais aussi aux préoccupations de l’époque, parmi lesquelles la volonté d’indépendance, les bouleversements sociaux, la douleur de l’émigré éloigné de sa terre natale ou encore les nouvelles aspirations de la jeunesse.

Au sein d’une troupe, il convient de distinguer les Rrways (chefs d’orchestre) des Iderraben (musiciens et danseurs). Ainsi, pour qui désire accéder au statut de Tarrayst et de Rrways, l’art de l’Ahwach, héritage millénaire d’une certaine esthétique qui mêle chant et danse, se veut la référence majeure et la première école d’apprentissage. L’intégration, à ses débuts, dans un ensemble d’Ahwach permet de se familiariser avec la musique et l’art de la scène, d’acquérir une meilleure maîtrise de la gestuelle chorégraphique et une bonne approche dans le maniement des instruments, notamment les percussions.

Depuis plus d’un siècle, quittant les villages du Sud, les Rrways convergent également vers la place Jamaâ El-Fna à Marrakech, arène des arts populaires du Maroc, portés par la volonté d’acquérir une formation de maître à disciple sur le terrain, de progresser dans leur art et d’élargir, au cours des Halqas, leur cercle de spectateurs. Ce lieu mythique se veut un passage obligé…

Ces troubadours ont connu un franc succès lorsqu’ils ont adapté leur art aux moyens de transmission et de diffusion du XXème siècle, dont les vinyles, puis, plus tard les radiocassettes. Or, les moyens de duplication illégaux, liés à l’arrivée des CDs et autres outils numériques, ont réduit leurs sources de revenus. «Tarrwaysin et Rrways mènent désormais leur carrière avec les difficultés que connaissent les artistes dans les périodes de transition. Leur héritage, aussi précieux soit-il, est, comme tout patrimoine immatériel, fragile», souligne Brahim El Mazned, directeur de ce projet.

Produit par l’association Atlas Azawan, porté et édité par la structure culturelle Anya, «Rrways, voyage dans l’univers des poètes-chanteurs itinérants amazighes» est né de la volonté de préserver et valoriser ce corpus musical majeur, voué à s’éteindre.

D’où cette musique est venue ? Comment s’est-elle diffusée ? Que représente-t-elle dans l’imaginaire amazighe ?... Ladite anthologie offre matière à découverte ou à rappels.

 

 

Par R.K.H

 

 

 

 

 

 

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