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Exposition : Douieb, l’artiste admirable

Exposition : Douieb, l’artiste admirable

La Galerie 38 de Casablanca présente une riche expo solo-show de l’artiste Youssef Douieb. Exploration éperdue des couleurs.

Par R. K. H.

 

On ne s'habitue jamais, ai-je lu quelque part, à ceux que l'on admire, tant leur œuvre constamment étonne. J'ai pu apprécier l'exactitude de cette formule lors du solo-show de Youssef Douieb : «Alter ego».

 

Ce sont-là des peintures exécutées au doigt et à l’œil que Douieb expose à la Galerie 38. Des toiles, donc, faites comme ça, sans que le peintre ne sache trop a priori ce qu’elles donneront ou quel motif y apparaîtra. Et puis des toiles, où en effet, il met les doigts, sans définitivement lâcher le pinceau, comme font les enfants qui s’en donnent à cœur joie.

 

Je croyais connaître l'œuvre de cet artiste, je me suis retrouvé soudain saisi par l'irrésistible beauté qui en émane, comme si c'était la première fois que pareille jouissance m'était offerte. C'est probablement là le sceau du génie, vous ébaubir toujours, là même où il est attendu. Youssef Douieb est un artiste admirable. Chacune de ses apparitions renforce sa notoriété, provoquant ainsi un écart de grandeur aux conséquences multiples : l'envie, la jalousie, la rivalité sont consubstantielles de l'admiration.

 

Les peintures de Douieb se caractérisent par l'utilisation de tons plus doux et moins fougueux. Son traitement des couleurs confère à ses tableaux une luminosité accrue. Son attrait pour la lumière revêt un caractère mystique dans ses dernières peintures, dominées par le noir. Sa peinture est empreinte de douceur et de délicatesse, rejetant tout ce qui est cérébral ou névrotique. Il s'oppose à la rigueur de la construction géométrique avec une attitude poliment franche, telle cette gestique tourbillonnante qui trace le mouvement vertigineux d’un imaginaire sans rivage. Aucune droite, courbe ou perpendiculaire, mais plutôt une vitalité pulsionnelle et une abstraction de plus en plus épurée. Cette épure est si profonde qu'elle parvient à saisir la nature changeante, vibrante et vivante de la réalité.

 

Autant l'homme est taciturne, autant sa peinture est prolixe, autant il est distant, autant elle est chaleureuse, autant l'un affiche son dédain, autant l'autre déploie sa délicate sobriété. A croire qu'il y a une profonde dissonance entre Douieb et son œuvre. Stendhal disait que le grand artiste se composait de deux choses : une âme exigeante, tendre, passionnée et un talent qui s'efforce de plaire à cette âme et de lui donner des jouissances en créant des beautés nouvelles.

 

Et si Douieb se composait seulement un personnage, afin de masquer sa viscérale humanité ? Dans ce cas-là, il serait encore plus digne de l'admiration qui lui est portée.

 

 

 

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