Dans un monde où chaque voix, chaque talent et chaque histoire nourrissent la richesse commune, le Maroc se tient à un carrefour décisif : construire une société qui reconnaît pleinement la dignité de chacun, dans toute sa singularité. L'inclusion n'est plus un idéal lointain, mais une nécessité vitale pour un avenir partagé.
L'inclusion, au-delà d'une exigence de justice, est aujourd'hui une opportunité précieuse pour renforcer notre cohésion nationale. Elle concerne chaque citoyen, quelles que soient ses origines, ses capacités, ou son parcours de vie. Que l'on parle de personnes en situation de handicap, de jeunes issus de milieux éloignés, ou de populations fragilisées par l'histoire ou les circonstances, l'enjeu est le même : permettre à chacun de participer pleinement à la vie collective, sans obstacles ni barrières invisibles.
Dans cette perspective, le Maroc multiplie les initiatives pour bâtir une société plus ouverte, plus solidaire, plus respectueuse de la diversité humaine. Pourtant, les défis restent nombreux, et l'inclusion, pour être effective, doit devenir un projet partagé, vivant dans les actes autant que dans les intentions.
Il est des mots qui, plus qu’une promesse, dessinent un horizon. L’inclusion est de ceux-là. Sur cette terre plurielle, façonnée par la diversité de ses cultures, de ses histoires et de ses visages, l'inclusion ne saurait être un supplément d’âme. Elle est une respiration profonde vers un futur partagé, où chaque citoyen, quelle que soit sa singularité, trouve sa place pleine et entière.
L'inclusion n'est pas une faveur concédée à quelques-uns; elle est l’âme même d’une société confiante en son avenir. Elle ne consiste pas seulement à accueillir les différences, mais à les reconnaître comme des richesses vitales, à s’en nourrir sans réserve. Chaque enfant né différent, chaque femme ou homme porteur d’une singularité, chaque voix discrète que l’on oublie parfois d’entendre est un éclat du Maroc de demain. Ne pas voir cette lumière serait s’amputer nous-mêmes d’une part essentielle de notre humanité.
Construire l'inclusion véritable demande davantage qu'une déclaration d'intention. C'est un chemin exigeant, un art de l'engagement quotidien, un regard renouvelé porté sur l’autre. Cela exige de revisiter nos manières de penser, nos habitudes, nos réflexes collectifs. C'est une dynamique patiente, tissée d'actes courageux, de gestes subtils, d'élans visibles et de engagements silencieux.
Sous l'impulsion éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Royaume a entrepris cette marche avec détermination, posant des jalons essentiels à travers l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), la refonte du système éducatif, l'ancrage de la régionalisation avancée, le soutien renforcé aux personnes en situation de handicap. Autant de signaux forts qui témoignent d'une volonté assumée de faire de l'inclusion un socle, et non un ornement.
Dans un élan d’une lucidité rare, le Souverain affirmait : «Si grande que soit leur ambition, et si fort que soit leur engagement, tous les pays du monde doivent, dans leur quête de l’idéal de justice sociale et spatiale, emprunter un chemin long et ardu.»
Ces mots résonnent avec force dans l’âme de ceux qui croient encore en la capacité des sociétés à grandir par l’épreuve de l’altérité.
Faire le pari de l'inclusion, c’est refuser la résignation. C’est choisir d’ouvrir des portes là où d’autres dresseraient des murs, de tisser des liens là où d’autres détourneraient le regard. C’est croire, envers et contre tout, que chaque être humain est une promesse à épanouir, et que notre force réside précisément dans notre capacité à faire place à toutes ces promesses.
Le Maroc possède en lui tous les ressorts de cette transition humaine : une jeunesse vibrante, des traditions séculaires d'accueil, une vision politique ancrée dans la fidélité aux valeurs d'ouverture et de solidarité. Mais pour que cette dynamique porte pleinement ses fruits, il faudra que chaque institution, chaque acteur économique, chaque voix associative, chaque citoyen se sente responsable de ce chantier commun.
L'inclusion ne doit plus être un idéal proclamé, mais une évidence vécue, un réflexe ancré dans les gestes simples, dans les choix stratégiques, dans les regards échangés.
Non par charité condescendante, mais par conviction profonde; non par devoir imposé, mais par fidélité à ce que nous sommes.
À l’heure où tant de nations s’enferment derrière des frontières visibles ou invisibles, la véritable grandeur est d'oser croire en une société qui refuse de sacrifier ses diversités sur l'autel de la peur. Faire de l’inclusion une culture enracinée, une respiration collective, voilà sans doute l'un des plus beaux défis que notre génération puisse relever. Car une école véritablement inclusive ne se décrète pas dans les circulaires : elle se vit, au quotidien, dans les regards échangés, les gestes ajustés, les silences respectés. Elle commence peut-être là, dans ces marges silencieuses de nos classes, où bien des élèves grandissent avec cette blessure fondatrice : celle de ne pas correspondre aux normes, d’être à côté du cadre, parfois loin des attentes.
Ce sentiment précoce d’exclusion ne dit pas seulement l’injustice; il forge, chez certains, une conscience aiguë de l’altérité, une capacité rare à entendre ce que le système n’écoute plus. Et s'il est vrai que tout grand changement prend racine dans l’enfance, alors il nous faudra bientôt tourner notre regard vers ce lieu d’éclosion des possibles : l’école. C’est là, au creuset des différences apprivoisées, que pourra germer l’avenir d’une société pleinement inclusive, fidèle à la promesse de dignité portée par chacun de ses enfants.
Par Abdelkhalek Hassini, enseignant-formateur en France, chroniqueur, conférencier, spécialiste en Migration et Développement et acteur associatif.