Cette Loi de Finances n'a vraiment rien d'extraordinaire. Aurait-il pu en être autrement, au vu du délicat contexte dans lequel évolue le pays ? En réalité, ce PLF 2019 s'inscrit parfaitement dans la continuité des précédents budgets, au moins depuis 2012, date à laquelle le Maroc s'en est remis au FMI pour redresser des comptes publics qui avaient dangereusement glissé. Ironie du sort, 6 ans après, le Maroc s’en remettra une nouvelle fois à l’institution de Bretton Woods, en demandant une nouvelle Ligne de liquidité et de précaution (LPL), alors qu’on la croyait dernière nous. D’où la désagréable impression que pendant tout ce temps-là, le Maroc a fait du surplace.
Et il ne faut pas s'attendre à ce que les prochaines Lois de Finances soient bien différentes : nouveau modèle de développement ou pas, le Maroc ne fera pas de folies, au vu de ses moyens limités, de ses indicateurs de croissance plutôt médiocres et de la détérioration de ses équilibres macroéconomiques.
Oui, cette Loi de Finances a clairement une tonalité sociale. Les milliards de DH alloués aux secteurs sociaux et à la réduction des disparités en témoignent. Mais ce n'est pas cela qui va provoquer une rupture.
Peut-être attendons-nous trop des Lois de Finances. Qui peut croire que les problèmes de notre pays seront réglés en exonérant une taxe et/ou en augmentant tel autre impôt ?
Si rupture il doit y avoir, c’est dans les mentalités, dans la manière dont sont prises les décisions d'investissement, dans la responsabilisation, la bonne gouvernance, l’évaluation et le suivi des politiques publiques, dans l’application stricte de la loi, dans la lutte ferme contre la corruption, dans la fin des passe-droits et des conflits d’intérêt. Là est la voie de la rupture.
Il faut que les gens retrouvent confiance, aient le sentiment que les règles du jeu sont les mêmes pour tous et que tout le monde avance dans la même direction. Cela s’appelle avoir un projet commun. C’est précisément la rupture dont nous avons le plus besoin. ■