Samir: Après le fiasco, un golden parachute ?

Samir: Après le fiasco, un golden parachute ?

Dans un tourbillon de chiffres et de réclamations qui donnent le vertige, l'affaire de la Samir, opposant le Maroc au sulfureux et procédurier homme d’affaires saoudo-éthiopien Mohammed Al Amoudi, dépasse l'entendement par son échelle.

Clairement, il veut toucher un golden parachute : avec une demande d'indemnisation de 2,7 milliards de dollars, Al Amoudi semble avoir pris des cours intensifs en alchimie, cherchant à transformer ses échecs flagrants de gestion en or massif. Rappelons que la raffinerie Samir, jadis fleuron de l'industrie marocaine, a cessé ses activités en 2015, emportant avec elle des milliers d'emplois, pour des dettes estimées à 40 Mds de DH, dont une bonne partie (40%) due à l'État marocain, à travers l’Administration des douanes.

Loin d'être le résultat de mesures gouvernementales hostiles, la chute de la Samir est une conséquence directe de la négligence, sinon de la gestion calamiteuse de Corral Morocco Holding (ex-actionnaire principal de la raffinerie), bras armé d'Al Amoudi dans ce triste feuilleton. La prétention qu'Al Amoudi fait valoir auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), suggérant que le Maroc a violé des accords de protection d'investissements, frise le ridicule. Comment un investisseur peut-il, en toute bonne foi, exiger une somme aussi astronomique après avoir lui-même conduit à la ruine un actif stratégique pour le Royaume ?

Comment peut-on ignorer les longues années pendant lesquelles ce même investisseur a répugné à honorer ses engagements et à injecter les capitaux nécessaires pour maintenir la compétitivité de la raffinerie ? Ce litige a tout l'air d'une odieuse tentative d’extorsion de fonds, après des années de gestion douteuse et l'échec retentissant de la Samir sous l’égide de Corral et d’Al Amoudi. La démarche de l’homme d’affaires est-elle alors un coup de poker judiciaire de haute voltige, voire une farce économique ? En tout cas, le Maroc, fort de ses arguments et de sa défense rigoureusement étayée par des faits, a tout fait pour démontrer l'infondé des accusations portées contre lui.

Et ceux qui suivent cette affaire depuis ses débuts ne peuvent qu'être sidérés par l'ampleur des sommes réclamées et par l'audace d'un homme cherchant à faire porter le chapeau de ses propres échecs à un État qui a, en vérité, tout tenté pour maintenir à flot une entreprise stratégique. Dans cette bataille juridique, ce n'est pas seulement l'avenir hypothéquée de la Samir et les milliers de salariés en désarroi dont il est question, mais également de la justice et de l'équité en matière d'investissements internationaux.

Au-delà des manœuvres, il faut prendre cette affaire pour ce qu'elle est vraiment : un triste mélodrame financier où les véritables victimes sont les employés de la Samir, les contribuables marocains et le sens même de la responsabilité entrepreneuriale. Car au-delà de l'argent et des traités, ce sont les principes de bonne gestion et de respect des engagements qui sont mis à l'épreuve dans cette affaire déconcertante, dont le verdict final semble imminent. 

 

 

Par F.Z Ouriaghli

 

 

 

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