Par Fatima Ouriaghli, Directrice de la publication
Penchons-nous un peu sur la déclaration faite, mardi à Rabat, par le ministre de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle, Mohamed Yatim, lors d’une session d’information organisée par l'Agence millenium challenge account-Morocco, dans le cadre du lancement de l’appel à projets au titre du programme d’emploi pour le financement basé sur les résultats (FBR).
«Le Maroc, engagé dans une dynamique d’investissement volontariste dans les secteurs public et privé, offre un potentiel indéniable de création d’emplois», a-t-il dit. Avoir du potentiel en matière de création d’emplois est une chose, en créer est une autre chose.
Justement, sur ce point, l’Etat a montré son incapacité à résorber un chômage structurel, malgré toutes les mesures mises en branle : le taux de chômage au niveau national s’est établi à 9,8% en 2018. Même s’il a baissé par rapport à 2017 (10,2%), il peine, depuis longtemps, à s’éloigner durablement de la barre des 10%.
Ce que Yatim a omis de dire, c’est que le Maroc est fortement handicapé par la faiblesse de l’efficacité de l’investissement, notamment public.
Ce qu’il a aussi omis de préciser, c’est que les femmes et les jeunes sont faiblement intégrés au marché du travail. Rappelons-lui alors quelques chiffres du haut-commissariat au Plan : en 2018, les taux de chômage les plus élevés sont observés parmi les femmes (14%), les diplômés (17,1%) et les jeunes âgés de 15 à 26 ans (26%).
De même au niveau de la population active en chômage, qui s’élève à 1.168.000 personnes, 65,7% sont des jeunes âgés de 15 à 29 ans.
Ces chiffres devraient donc interpeller le gouvernement sur la pertinence des politiques publiques et sur les dispositifs et mécanismes en place pouvant permettre au secteur privé d’agir efficacement sur l’employabilité.
Plutôt que de se réjouir d’un «potentiel indéniable de création d’emplois», Yatim doit, au contraire, se préoccuper de tous ces jeunes qui, faute de pouvoir intégrer le marché du travail, usent leurs pantalons sur les bancs du chômage. En tant que ministre de tutelle, cela doit être son unique et seul objectif.