Par Fatima Ouriaghli, Directrice de la publication
La réforme globale du régime de retraite est un dossier que le gouvernement actuel manie avec beaucoup de délicatesse et de prudence. Comme les gouvernements qui l’ont précédé d’ailleurs. C’est un sujet sensible. Un dossier chaud, aux enjeux socioéconomiques tellement importants qu’il faut pouvoir le piloter avec dextérité, sans heurter ces sentinelles que sont les centrales syndicales. Exercice difficile, l’on s’en doute.
C’est pourquoi depuis la réforme paramétrique du régime des pensions civiles, initiée pour consolider la santé financière du régime à court et à moyen terme, le gouvernement avance sur la pointe des pieds en ce qui concerne la réforme globale. Cette dernière est pourtant nécessaire, en ce sens qu’elle devrait permettre de garantir la solvabilité du système à long terme. Mardi, lors de la séance mensuelle relative à la politique générale à la Chambre des conseillers, le chef de gouvernement, Saad Eddine El Otmani, a laissé entendre qu’une étude, lancée en mars dernier, est menée en la matière par les quatre caisses de retraites concernées ainsi que les départements gouvernementaux. L’objectif est de définir les méthodologies pour la mise en œuvre de la réforme globale basée sur un système bipolaire, avec un pôle public regroupant la Caisse marocaine des retraites (CMR) et le Régime collectif d’allocation de retraite (RCAR), couvrant les salariés du secteur public et semi-public, et un pôle privé comprenant la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR). El Otmani promet ainsi que les résultats de cette étude seront examinés selon une approche participative élargie lors de l’élaboration d’une feuille de route pour une réforme globale du système de retraite. Question timing, il ne donne cependant aucune indication. Il s’est néanmoins appliqué à égrener les mesures prises par le gouvernement pour améliorer le pouvoir d’achat des retraités, notamment les exonérations et autres abattements fiscaux (www.laquotidienne.fnh.ma).
Les retraités, il faut les chouchouter. C’est un vivier électoral important pour les prochaines législatives : le nombre de retraités déclarés a atteint environ 1.805.224 personnes au titre de l’exercice 2018, pour un montant global des retraites brutes dépassant 58 Mds de DH.
Il semble donc évident que la réforme globale du système de retraite attendra après les élections générales de 2021. Au même titre d’ailleurs que celle délicate du système de compensation, avec la levée des subventions sur le gaz butane, le sucre et la farine.