Inflation : entre chiffres et réalité

Inflation : entre chiffres et réalité

En 2022, l’inflation au Maroc avait connu une envolée spectaculaire, atteignant des sommets inédits depuis plus de deux décennies. Entre la flambée des prix de l’énergie, les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales et la sécheresse qui a considérablement impacté la production agricole, les foyers marocains avaient été durement éprouvés. Aujourd’hui, l’orage semble être passé.

L’inflation est revenue à des niveaux normatifs, sous la barre des 2%. Selon les projections de Bank Al-Maghrib, elle resterait proche de ce taux au cours des huit prochains trimestres. Et s’établirait même à 1,3% cette année. Pour autant, le ressenti des Marocains est toujours le même  : le niveau des prix reste élevé et le consommateur voit toujours sa bourse fondre à vue d’œil. Au marché comme chez le boucher, les étiquettes continuent de narguer le pouvoir d’achat des Marocains.

Au marché, le prix du poulet, par exemple, est à 26 DH le kilo; la viande d’agneau, elle, frôle les 150 DH le kilo chez le boucher. Quant à l’huile d’olive, elle se dirige doucettement vers la catégorie des produits de luxe. Ces produits, que l’on consomme régulièrement, se sont mués en denrées de réflexion budgétaire, et davantage pour les ménages à revenus modestes. Force est de constater que la structure même de notre économie, qui prête le flanc tant aux chocs internes qu’extérieurs, joue un rôle déterminant dans cette résistance des prix à la baisse. Ainsi, chez les éleveurs, on pointe du doigt la flambée des prix des aliments de bétail, conséquence directe de la situation géopolitique internationale, avec notamment la guerre en Ukraine et l’escalade du conflit au Moyen-Orient.

Les importations reviennent ainsi plus chères, et le coût est naturellement répercuté sur le consommateur final. Pour la viande rouge, les troupeaux pâtissent de la récurrence des sécheresses et du stress hydrique sévère que connaît le Royaume, les coûts d’élevage explosent et le boucher du quartier n’a d’autre choix que d’aligner ses prix. Pour sa part, l’huile d’olive, autrefois un produit du terroir accessible, s’est envolée sous l’effet combiné d’une faible production et de la spéculation. A tout cela s’ajoute une chaîne de distribution souvent désorganisée, avec une multiplicité d’intermédiaires qui gonflent les prix au passage.

Bref, en dépit des signaux macroéconomiques favorables, la persistance d’une pression sur certains produits souligne la vulnérabilité de l’économie nationale aux facteurs exogènes et aux aléas climatiques. Ce qui fait que la baisse de l'inflation reste une donnée statistique, bien éloignée du quotidien des consommateurs. 

 

 

 

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