Gitex Africa Morocco : le continent code son avenir numérique

Gitex Africa Morocco : le continent code son avenir numérique

Le temps de quelques jours (14 au 16 avril), Marrakech s’est muée en capitale continentale de la tech. Gitex Africa Morocco, troisième du nom, a planté son décor : plus de 45.000 participants, 1.400 exposants, 130 nationalités, des ministres, des geeks, des capital-risqueurs... Et au centre, un Maroc ambitieux, au coude à coude avec les champions du digital mondial.

Ce n’est pas tous les jours qu’un salon tech fait battre le pouls du continent. Et pourtant, Gitex Africa semble le faire avec constance et montre, surtout, que ce n’est pas un événement qui se limite à un simple déballage de gadgets et de discours formatés. Et ce n’est pas un hasard. Sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ce rendez-vous a pris une envergure stratégique pour devenir un carrefour d’influence, de souveraineté technologique et de coopération Sud-Sud où les idées fusent, les partenariats s’enclenchent et les ambitions se croisent. Il donne un signal fort qu'en matière numérique, l’Afrique ne veut plus seulement consommer, mais elle veut peser. Aziz Akhannouch, le chef du gouvernement, l’a dit sans détour : Gitex Africa, c’est «le cœur battant de l’innovation africaine».

Et de fait, ça bouillonne. De l’AgriTech aux solutions EdTech, en passant par les paiements dématérialisés et la cybersécurité, omniprésente cette année dans les discussions, notamment en raison des récentes cyberattaques contre des institutions marocaines comme la CNSS, le ministère de l’Emploi ou encore la CNDP, ce salon est devenu une immense place de marché des idées.

L’économie numérique, c’est désormais 15% du PIB mondial, selon la ministre chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration, Amal El Fallah Seghrouchni. Et le Royaume veut sa part du gâteau. Avec sa stratégie Maroc Digital 2030, il met les bouchées doubles : formation, infrastructure, souveraineté numérique et IA locale... Mais les derniers événements le rappellent brutalement : sans un socle solide en cybersécurité, tout peut vaciller. Les experts présents au Gitex l’ont martelé, souvent en coulisse : la cybersécurité doit précéder l’IA et les interfaces client.

Aujourd’hui, elle devient la priorité numéro un des organisations, parce que dans le silence des lignes de code, il est question de leur sécurité numérique. En cela, dans un contexte où les cyberattaques ciblent les organismes publics, la question de l’allocation budgétaire refait surface. Longtemps négligée, la cybersécurité exige des investissements importants, notamment pour accéder à des clouds plus robustes. C’est pourquoi les entreprises spécialisées dans la cybersécurité ne cachent pas leur optimisme : l’heure est venue pour les institutions publiques de changer de paradigme.

Dès lors, un grand mouvement de prise de commandes via les marchés publics est attendu, avec en ligne de mire l’adoption de clouds plus performants. D’ailleurs, le sujet d’un cloud souverain marocain continue de s’imposer dans les échanges, même si, en attendant sa concrétisation, le recours à des solutions internationales semble inévitable à court terme. Et dans cette logique, Gitex Africa devient un levier. Une plateforme stratégique pour les Etats, les entreprises et les investisseurs. Un endroit où l’on parle de cloud, mais aussi de câbles, de data et de talents. Et là où d’autres voient une foire technologique, les stratèges décryptent un espace d’influence, avec un Maroc positionné en hub digital régional, capable de faire converger innovation, géopolitique et diplomatie économique.

Bref, ce que Marrakech a montré, c’est que l’Afrique n’achète plus seulement des solutions, mais crée, co-construit, innove et avance. Et tant pis si tout n’est pas parfait. L’essentiel, c’est que le numérique n’est plus un luxe ou une option, c’est un choix stratégique. Un vecteur de transformation, voire d’émancipation. Alors oui, le continent a encore ses défis, ses fragilités et ses retards. Mais il a aussi ses compétences, ses rêves et ses idées. Et grâce à des initiatives comme Gitex Africa, il a enfin des lieux pour les rendre visibles.



Par F.Z Ouriaghli

 

 

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