Gaza : la ligne ferme du Maroc

Gaza : la ligne ferme du Maroc

Il est des constantes qui défient les calculs géopolitiques. La position du Maroc sur la question palestinienne en est une. Elle ne varie pas, ne s’habille pas de circonstances et s’affranchit de l’arithmétique politique. Elle s’ancre. Solidement. Pas de revirements. Pas d’atermoiements non plus.

Ce 20 mai à Rabat, dans le cadre d’une réunion de l’Alliance globale pour la mise en œuvre de la solution à deux Etats, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, n’a pas fait dans la demi-mesure. Il a réaffirmé ce que le Maroc dit depuis des décennies : une paix juste et durable au Proche-Orient ne se bâtira qu’autour de deux Etats vivant côte à côte, en sécurité, dans les frontières de 1967, avec Al-Qods-Est pour capitale palestinienne. Le propos est ancien, diront certains.

Certes. Mais il reste furieusement actuel. Car à mesure que les bombes pleuvent sur Gaza et que les démolitions et la colonisation continuent en Cisjordanie, la solution à deux Etats s’éloigne pendant que le discours marocain, lui, reste droit dans ses bottes. Ce n’est pas un slogan creux, comme l’a rappelé Bourita, ni un fonds de commerce diplomatique pour se donner bonne conscience. C’est «un engagement moral et une option politique réaliste» qui puisent leurs racines loin dans le temps.

Depuis feu Hassan II jusqu’à Mohammed VI, le Royaume a tenu sa ligne. Présider le Comité Al-Qods, ce n’est pas symbolique : c’est endosser une responsabilité historique, presque morale. Raison pour laquelle le Maroc ne se contente pas de mots.

Il soutient l’UNRWA, plaide pour la reconstruction, défend la souveraineté de l’Autorité palestinienne et œuvre pour une paix durable dans la région. Et insiste surtout sur le fait qu’aucun soutien économique ne remplacera jamais une solution politique. Alors, à ceux qui préfèrent la surenchère vocale à l’action réelle, Bourita dit une seule chose : il est facile de «prétendre soutenir le peuple palestinien sans lui offrir ne serait-ce qu’un sac de riz, simplement parce qu'ils préfèrent le confort de l'opposition à la responsabilité de l'action».

Il n’a pas cité de pays, mais il est des silences plus bruyants que les longs discours. Le message est passé. Bien sûr, en l’état actuel des choses, certains diront que la solution à deux Etats est illusoire. Oui, les événements sur le terrain, à Gaza comme en Cisjordanie, nous rappellent chaque jour combien le chemin sera long, douloureux et incertain. Mais le Maroc, lui, refuse ce fatalisme. Il y croit encore. Non pas par naïveté, mais par lucidité.

D’autant qu’il s’agit d’une sorte de deal géopolitique gagnant-gagnant, où les Palestiniens retrouvent leur dignité, les Israéliens leur sécurité et la région un soupçon de stabilité. Et cette paix va profiter à tout le monde, à commencer par les deux peuples concernés. Sauf peut-être, comme l’a si bien dit Bourita, aux «extrémistes de tous bords, qui se nourrissent du conflit et vivent à son ombre». Ceux-là même qui crient à la trahison quand d’autres essaient simplement de construire un chemin praticable vers la coexistence et une paix durable. 

 

Par F.Z Ouriaghli

 

 

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