Entre le ministre de l’Education nationale et les enseignants-cadres des académies régionales de l'éducation et de la formation (AREF), la tension est montée d’un cran. Fini le ton conciliant du ministre de tutelle, Said Amzazi, face à la persistance du mouvement de grève des enseignants.
Le gouvernement, qui estime avoir apporté les réponses appropriées aux revendications des grévistes, a changé de fusil d’épaule. Dans un contexte où le dialogue est rompu, il change de stratégie et manie désormais le bâton.
Premier fait d’armes, la dispersion par les forces de l’ordre du sit-in organisé dans la nuit de samedi à dimanche dernier par les cadres des académies. Si ces derniers estiment avoir été violentés gratuitement, le ministère de l’Intérieur, lui, précise que l’intervention des forces publiques était «proportionnée et respectait toutes les dispositions juridiques, loin des images fabriquées véhiculées sur les réseaux sociaux». Tout en soulignant que les forces publiques ont essuyé des jets de pierres et de bouteilles, blessant 21 policiers et 5 éléments des Forces auxiliaires.
La violence s’est donc invitée dans les débats et sera probablement suivie de sanctions administratives. Sur ce point, Amzazi a été pour le moins clair, mercredi 27 mars : la procédure d'abandon de poste sera appliquée à l'encontre des enseignants qui ne regagneront pas leur lieu de travail. Mieux encore, ajoute-t-il, «une procédure de licenciement a été engagée à l'encontre des enseignants qui entravent le cours normal du service public et portent atteinte au droit des élèves à la scolarité».
Les sanctions s’étendent même aux enseignants stagiaires au niveau des Centres régionaux de l'éducation et de la formation qui sont sortis dans la rue : ils seront remplacés par les candidats de la liste d'attente.
Bref, ça part en vrille. Et avec la tournure prise par les évènements, il est peu probable qu’il puisse y avoir encore des discussions apaisées.
Mais en restant figés sur leur position, les enseignants ne risquent-ils pas, en fin de compte, de payer les pots cassés ? Aux côtés notamment des quelque 300.000 élèves victimes collatérales de cette grève. A noter que les enseignants ont décidé, le 31 mars, de prolonger leur grève de 15 jours. ◆