Par David William, Directeur des rédactions
Coup d’œil dans le rétroviseur ! En mars 2018, les statistiques sur l’emploi industriel créaient une vive polémique entre le département de tutelle et le haut-commissariat au Plan: le ministère de l’Industrie faisait état de la création de 45.000 emplois nets dans le secteur en 2017, quand le HCP n’en annonçait que seulement 7.000, y compris l’artisanat.
Un an plus tard, le ministère de l’Industrie, sur la base d’une étude, fait savoir que l’industrie nationale a créé 405.496 emplois entre 2014 et 2018, soit près 81% de l'objectif fixé par le plan d'accélération industrielle 2014-2020.
Mais cette fois-ci, pas de réaction officielle du HCP.
Souscrit-il pour autant aux chiffres du ministère ? Certainement pas. Quelques chiffres pour nous en convaincre : d’après la note du HCP sur la situation du marché du travail en 2018, le secteur de l’ «industrie y compris l’artisanat» a créé 13.000 emplois contre une création annuelle moyenne de 10.000 postes au cours des années 2015 et 2017. Et ces nouveaux postes ont été créés principalement par la branche de «textile bonneterie et habillement» (11.000 postes).
Même si les chiffres relatifs à l’emploi industriel sont donnés en brut par le ministère, il n’en demeure pas moins vrai que l’écart par rapport aux statistiques du HCP reste trop important.
Et cela pose un sérieux problème : celui de la crédibilité et de la fiabilité des informations statistiques fournies officiellement à l’opinion publique par deux institutions publiques. Il ne s’agit pas de dire qui a tort ou qui a raison, mais plutôt d’harmoniser et d’uniformiser les méthodes de calcul afin de donner la bonne information au public. Et, au-delà, aux institutions internationales et investisseurs étrangers qui, certainement, observent avec circonspection ces chiffres pour le moins très contradictoires.
Mais sans préjuger de la qualité des statistiques fournies par les différentes institutions et départements ministériels du Royaume, concédons cependant au HCP le fait qu’il bénéficie d’une reconnaissance internationale (Commission statistique des Nations unies, norme spéciale de diffusion de données) de ses méthodologies pour l’élaboration des statistiques sur l’emploi, des enquêtes économiques, sociales et démographiques…
Ce qui justifie, sans aucun doute, cette déclaration ferme du patron de cette institution, Ahmed Lahlimi, faite l’année dernière : «une information exhaustive sur le marché du travail ne peut avoir d’autres sources alternatives crédibles (…) que l’Enquête nationale sur l’emploi». Transparent pour qui sait lire.◆