Education nationale : école buissonnière

Education nationale : école buissonnière

Au cœur d'une crise persistante et sans précédent, l'éducation nationale au Maroc se trouve à la croisée des chemins. Elle traverse une période bien tumultueuse, où les enseignants et le gouvernement semblent jouer un match sans fin. Malgré l'accord récemment paraphé entre les syndicats et les autorités, la grève des enseignants, loin de faiblir, s'intensifie, laissant planer une ombre inquiétante sur le paysage éducatif marocain.

Les coordinations de l'enseignement, portant l'étendard du jusqu'auboutisme, semblent réticentes à tout compromis, adoptant une position inflexible dans leur quête de reconnaissance statutaire pour l'ensemble des enseignants contractuels du secteur public. Cette posture, bien que témoignant de leur détermination, soulève des questions cruciales sur la recherche de solutions équilibrées et l'impact sur le droit constitutionnel des élèves à une éducation de qualité.

Le droit de grève, pierre angulaire et arme puissante dans une démocratie équilibrée, ne devrait pas être un alibi pour une intransigeance qui met en péril le tissu éducatif national. L'absence de compromis fragilise non seulement le système éducatif, mais exerce également une pression démesurée sur les épaules des élèves, pris en otage par la polarisation du corps enseignant. Des mois de perturbations de l’année scolaire laissent forcément des séquelles profondes.

La récente vague de suspensions décidées par le ministère de l'Éducation nationale, visant les enseignants refusant de reprendre les cours, aggrave davantage la crise. Et pousse les coordinations à se radicaliser encore plus. A l’exaspération et la fermeté affichées par la tutelle, les enseignants répondent par une intransigeance sans faille, accentuant la pression autour d'un dialogue déjà fragilisé. Les conséquences sur le temps scolaire, les programmes éducatifs et, surtout, sur les élèves eux-mêmes, suscitent des inquiétudes légitimes.

C’est pourquoi le ministre de l'Éducation nationale, Chakib Benmoussa, souligne la nécessité de garantir aux élèves leur droit constitutionnel à l'apprentissage. Selon lui, l'intérêt supérieur des élèves doit prévaloir sur toute autre considération, dans un contexte marqué par les interruptions des cours dans un ensemble d'établissements scolaires publics.

Encore faut-il qu’il soit entendu par ces enseignants visiblement adeptes du «tout ou rien». Quelle posture le gouvernement doit-il alors adopter ? Céder, ce qui reviendrait à remettre en cause les accords déjà signés et serait un cruel aveu de faiblesse ? Continuer le bras de fer en prenant l’opinion publique pour témoin, ce qui ne changera nullement la situation de tous ces élèves contraints à l’école buissonnière ? Aujourd’hui, une seule certitude se dégage : c’est l’avenir de la jeunesse qui est en train d’être sacrifiée. 

 

Par F.Z Ouriaghli

 

 

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