Par David William, directeur des rédactions
Le temps ne cicatrise pas les outrages des mauvais payeurs, particulièrement au Maroc où l’on perd plus de temps à courir après son argent qu’on en met pour en gagner.
Oui, il y en a qui n’aiment pas payer leurs dettes. Ou qui les payent certes, mais selon leurs convenances. Et pendant ce temps-là…
Pendant ce temps-là, de l’autre côté, on tire le diable par la queue. L’allongement des délais de paiement interentreprises continue à asphyxier les entreprises, plus précisément les petites, dont plusieurs, sur une assise financière déjà fragile, finissent par rendre l’âme.
Ce diagnostic a été fait et refait. Des solutions ont été préconisées. Une loi régissant les délais de paiement existe. Mais rien n’a changé. Les crédits interentreprises culminent à presque 390 Mds de DH.
Mardi encore, ce sujet s’est invité sur la table, dans une rencontre réunissant patronat, ministres, trésorier du Royaume et autres acteurs impliqués de près ou de loin dans ce dossier épineux. Qui dépasse le seul cadre des entreprises pour être une problématique bien nationale, car, nous dit-on, «la réduction des délais de paiement est une responsabilité collective».
Il ne s’agissait pas d’une énième rencontre circonscrite autour des diagnostics formels et factuels, des discours de circonstance et ou encore des bonnes intentions. L’Etat a montré l’exemple, comme en témoignent les chiffres dévoilés (voir pages 24/25).
Mais nombres d’entreprises sont encore maltraitées par les payeurs indélicats et espèrent une solution définitive à leurs problèmes.
Alors, faut-il donc passer à une autre étape ? Autrement dit, manier le bâton après les discours moralisateurs sans aucun effet. Certains estiment que s’il faut en arriver là pour débloquer la situation, oui il faut sanctionner.
C’est notamment l’avis de Ahmed Rahhou, PDG de CIH Bank et nouvel ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne, pour qui il faut nécessairement commencer à parler de sanctions (www.fnh.ma), dans un contexte où, ajoute-t-il, on demande souvent des efforts aux créanciers, sans s’intéresser à ceux qui ne payent pas.
Bref, il faut sortir les mauvais payeurs de leur zone de confort. En tapant sur le portefeuille, notamment à travers des sanctions fiscales, comme faire perdre à certaines factures restées longtemps impayées leur caractère de déductibilité de la base imposable.
L’Etat osera-t-il néanmoins franchir ce cap ? ◆