Par Fatima Ouriaghli, Directrice de la publication
Le Maroc a fait un bond très important dans le classement Doing Business : entre 2010 et 2019, il est passé de la 128ème à la 60ème. Les responsables gouvernementaux s’en glorifient. C’est vrai qu’il s’agit d’une belle avancée. Que l’on peut expliquer par nombre de réformes initiées et dispositifs mis en place pour fluidifier le monde du business.
Mais se limiter à une stricte lecture linéaire des chiffres serait faire preuve de suffisance. Parce que sur bien des plans, il y a encore des efforts à faire.
Aujourd’hui, pour que les opérateurs économiques puissent évoluer dans un environnement des affaires moins rigide et plus serein, il faudra non seulement accélérer les réformes pour booster la compétitivité, mais également agir sur des leviers comme le niveau de la formation, la fiscalité…, tout en initiant des politiques publiques plus cohérentes et mieux articulées.
L’autre front sur lequel il faudra initier des mesures urgentes concerne les délais de paiement interentreprises. Si l’Etat a consenti des efforts considérables pour ramener le délai global moyen des marchés publics de 146 jours en 2016 à 58 jours en 2017 et à 39 jours l’année dernière, il n’en demeure pas moins vrai que l’allongement continu des délais de paiement interentreprises reste très problématique.
Source de mortalité précoce de plusieurs entités, il constitue également un point noir pour l’économie nationale. Malgré l’existence d’une loi régissant les délais de paiement. Malgré les cris d’orfraie lancés par les observateurs avertis.
Force est de constater cependant que le plus inquiétant actuellement ne se passe pas sur le terrain économique, mais plutôt sur la scène politique. Actuellement, les avancées économiques sont torpillées par la guéguerre politicienne au sein de la coalition gouvernementale. Ce qui, conséquemment, pose des problèmes de gouvernance dans la conduite des affaires du Royaume.
Et quand les politiques grippent la machine économique, c’est un très mauvais signal que l’on envoie aux investisseurs. Instaurer un environnement des affaires sain et libérer le potentiel du secteur privé passent, d’abord, par avoir des gouvernants qui travaillent main dans la main, au service de la communauté. Loin de tout calcul partisan.