A 81 ans, le président algérien Abdelaziz Bouteflika va briguer un nouveau mandat. Il sera le candidat de son parti, le Front de libération nationale (FLN), à la présidentielle prévue en avril 2019. C’est ce qu’a annoncé dimanche soir Djamel Ould Abbes, à la tête du FLN.
Mais jusqu’à présent, l’intéressé ne s’est pas manifesté. Le fera-t-il d’ailleurs ? Affaibli par la maladie, les apparitions publiques de cet homme natif d’Oujda sont devenues très rares. En fait, depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, sa capacité à diriger le pays est fortement remise en cause par les observateurs de la scène politique algérienne.
Au point que certains en arrivent à se demander qui dirige le pays. Certainement son cercle proche et ses fidèles lieutenants, ces caciques du pouvoir qui, depuis six mois, le poussent à briguer un 5ème mandat. Car Bouteflika au pouvoir, c’est un moyen pour eux de perpétuer la rente et des privilèges souvent indus, pendant que le pays traverse une profonde crise sociale et politique.
A l’intérieur du pays, des voix s’élèvent d’ailleurs pour réclamer la rupture avec le régime en place. «A six mois de l’élection présidentielle, la crise du régime s’amplifie. Si ce régime persiste, il deviendra un danger pour le pays et l’exposera aux interventions étrangères», a notamment averti, le week-end dernier, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune.
Au même moment, Talaie El Hourriyet, parti de l’ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, constatait «avec inquiétude l’exacerbation de la lutte entre différents centres de décision du pouvoir en place, avec comme résultante l’accélération de la dégénérescence de ce qui reste du peu de crédibilité et de stabilité des institutions de la République».
Alors n’est-il pas temps pour Bouteflika de passer la main après près de 20 ans à la tête du pays ?
N’est-il pas temps pour le régime en place d’écouter la grogne populaire avant que les choses ne dérapent ?
On ne le répétera jamais assez : l’Afrique souffre de ses dirigeants. Ceux qui s’agrippent au pouvoir, quitte à bourrer les urnes ou à verser le sang. Ceux pour qui la transmission du pouvoir doit rester une affaire de famille. Ceux qui agissent au nom des vils desseins de leurs proches, au détriment des intérêts des peuples qui les ont élus.
Mais, de plus en plus, les peuples africains se réveillent. Et il est heureux de constater que les pratiques démocratiques tendent à se généraliser. Au moins, on n’a plus des écarts astronomiques lors des élections présidentielles : au Cameroun, Paul Biya, 85 ans et président depuis 36 ans, vient d’être réélu avec juste… 71,28% des suffrages exprimés (sic !). ■