Par Fatima Ouriaghli, directrice de publication
2018, une année à vite oublier ? Si l’on nourrit pour le Maroc des ambitions de développement autrement plus importantes, on peut répondre par l’affirmative.
Si, par contre, l’on se contente du peu de choses réalisées en 2018, avec en toile de fond un taux de croissance toujours largement tributaire de l’agriculture, on peut par contre rapidement verser dans l’autosatisfaction et l’autocongratulation. Comme l’a d’ailleurs fait le chef de gouvernement, Saad Eddine El Othmani, qui qualifie d’«importantes» les réalisations de 2018.
Faut-il lui rappeler le taux de chômage que le Maroc traîne comme un boulet et qui culmine toujours entre 10 et 10,5% ? Faut-il lui rappeler les inégalités sociales et régionales criantes ?
Faut-il lui rappeler que le taux de croissance nationale reste toujours dépendant des humeurs de dame météo ?
Faut-il lui rappeler que, plusieurs fois en 2018, le Roi a tapé sur la table pour rappeler aux responsables et élus leurs obligations envers la collectivité, allant jusqu’à les sanctionner ?
Faut-il, enfin, rappeler à El Othmani, que les réformes entamées en 2018 ont été le seul fait du Souverain, qui les a exigées ?
Les réformes en cours du système éducatif, de la formation professionnelle, des centres régionaux d’investissement, du système de protection sociale… découlent, en effet, de la volonté royale.
Si le gouvernement les met volontiers en œuvre, cela ne l’exonère pas tout autant de la prise d’initiative. C’est bien d’exécuter, mais il est aussi du rôle de l’Exécutif de proposer, d’agir et non de se contenter de réagir. Et c’est cela qui doit gouverner l’action gouvernementale au titre de l’année 2019.
El Othmani promet en tout cas que cette année marquera le début de la concrétisation des grandes réformes et la promulgation d'une série de lois. Sauf que pour certains dossiers, comme celui des retraites ou des aides directes (dans le cadre de la réforme de la Caisse de compensation), il faudra beaucoup de courage politique, compte tenu notamment de leurs enjeux socioéconomiques. Mais aussi, surtout, se libérer de l’arithmétique politicienne. Car ce ne sont pas les déclarations d’intention qui permettront au Royaume de poser pied dans le cercle des pays émergents.